La taxe carbone, non seulement ne s’attaquerait pas avec force aux grands pollueurs mais elle accroîtrait la pression fiscale sur les familles.
C’est vouloir le beurre et l’argent du beurre. Il faudrait une redistribution du produit de la taxe pour permettre aux ménages de réduire leur consommation d’énergie et de se déplacer propre.
C’est bien la difficulté : comment associer deux impératifs, l’un social, l’autre environnemental, qui n’ont rien de commun ?
L’enquête d’opinion réalisée par le Figaro met en évidence la difficulté. Lorsque plus de 70% de ceux qui répondent le font en déclarant qu’ils ne changeront pas leurs comportements, on peut effectivement être inquiets du succès potentiel de la réforme fiscale.
Poursuivant le jeu de poker menteur Benoit Hamon est d’accord sur une fiscalité écologique mais en ajoutant aussitôt : “L’idée d’avoir une fiscalité qui encourage à la baisse des gaz à effets de serre est bonne mais il faut qu’elle soit juste socialement. Il ne faut pas opposer justice sociale et impératif environnemental”. Difficile à comprendre dans le sens ou certains ne seraient ainsi aucunement poussés à modifier leurs habitudes à partir du moment ou les « compensations sociales » rendraient à la discipline nécessaire un caractère de pure forme sans véritables implications pécuniaires.
Aubry développe le même schéma ambiguë en réclamant une “contribution énergie climat concernant toutes les formes d’énergie” et dont le produit servirait à … “des compensations sociales”. Schéma difficile à appréhender sur le plan environnemental, même si l’on en saisit bien la démarche sociale !Ce n’est pas sur le dos du CO2 qu’il faut fonder une politique de redistributions; il y a bien d’autres moyens pour celà.
Ségolène Royal lançant le débat à La Rochelle, dénonce un taxe carbone impôt “injuste”, “historiquement décalé”, “insupportable” et qui va “assommer” des familles n’ayant “pas le libre choix de rouler propre”. Elle exhorte François Fillon à retirer cet impôt et mobiliser son “énergie” pour mettre “massivement sur le marché des voitures électriques pas chères”. Il faut avoir la mémoire bien courte pour ne pas se rappeler que la même Ségolène s’était engagé sur cette taxe pendant sa campagne. La fiscalité écologique était inscrite au fronton du pacte écologique de Nicolas Hulot signé par tous les candidats à la présidentielle dont Mme Royal et que c’est elle qui pousse maintenant à s’en affranchir. Être capable de tels retournements est un gage de succès d’avenir.
C’est sans aucun doute à Laurent Fabius que doit être décerné la médaille du plus grand « faut cul », le Tartufe d’Or : Il s’est affirmé favorable à “une fiscalité écologique juste” et plaide pour “une taxe sur les grands pollueurs“. Il est ainsi certain de plaire à tout le monde, chacun jugeant en effet son voisin comme « grand pollueur » à défaut de soi-même. Dans ce sens on pourrait proposer un bonus pour celles et ceux qui dénonceraient les grands pollueurs dans leur entourage ; les dénonciations anonymes étant également les bienvenues.
Il est normal qu’un parti d’opposition s’oppose ! Mais il est logique également que les arguments développés soient passés au crible et jaugés; pour ce qui concerne cette affaire, il est de plus en plus évident que les opposants sont entraînés dans un « bal des Tartuffes » : OUI … OUI … Mais NON !