J’ai passé, cette année, mes congés d’été dans le Sud-Est asiatique. Une des surprises de ce voyage m’est arrivée par le journal malais Sunday Times, qui montrait dans son édition du 2 août, une manifestation à Kuala Lumpur (capitale de la Malaisie, un pays de 27 millions d’habitants), théâtre d’une bataille rangée entre forces de l’ordre et manifestants. Bilan : près de 600 arrestations parmi les 5 000 manifestants dénombrés par la police (tous les autres témoins autres que ce média réputé proche du gouvernement en ayant vu bien plus). L’enjeu de cette bataille rangée ? Ni un changement politique, ni une protestation contre les conditions sociales, mais bien la liberté d’Internet.
Le terrain de jeu de l’opposition
Si certains Malais sont descendus dans la rue, c’est en effet pour s’opposer au Internet Security Act, un projet de filtrage du réseau des réseaux (qui n’est pas sans rappeler quelque chose aux citoyens français mais qui semble surtout s’inspirer du projet Green Dam chinois). Dénonçant une récupération des protestations par l’opposition, le gouvernement n’a pas hésité à muscler sa réponse : bombes lacrymogènes et canons à eau ont servi à disperser la manifestation, qui n’avait pas été autorisée. Sous la pression de la rue, le projet a toutefois été adouci. Mais pas abandonné. Selon une source anonyme citée par Reuters, le gouvernement malais entend toujours mettre en place son système de filtrage d’ici à la fin de l’année prochaine, après un appel d’offres passé cet été. Le pouvoir en place justifie ce tour de vis par la généralisation du haut débit, la Malaisie prévoyant, d’ici la fin 2010, de doubler, via un nouveau projet, la pénétration d’Internet dans les foyers.
Il faut dire que, sur place, Internet jour un rôle politique majeur dans la contestation contre un gouvernement issu du parti au pouvoir depuis…. 51 ans. Un certain nombre de scandales (notamment l’affaire Altantuya, du nom d’une jeune femme assassinée en octobre 2006, écouter à ce sujet l’émission de France Inter, Rendez vous avec X ) touchant des membres de l’exécutif ont ainsi été largement diffusés sur les médias électroniques. Et ce malgré les arrestations de quelques blogueurs influents, comme Raja Petra Kamaruddin, accusé de trahison.
Références externes
- reference #1
http://www.lemagit.fr/article/securite-internet-hadopi-loi-loppsi/3394/1/filtrage-internet-alliot-marie-presente-projet-loi-loppsi-2/ - reference #2
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/rendezvousavecx/index.php?id=80212