Tiens, Autheuil parle de courage politique… Dans ce pays, voilà qui fait doucement rire. Même si l’on peut bien trouver quelques parlementaires un peu plus à jour sur la question, comme le sénateur Alain Lambert, qui voudrait mettre des questions qui fâchent à l’ordre du jour, on ne peut que constater l’absolue pleutrerie de ceux qui nous gouvernent : lorsqu’il s’agit de prendre le taureau par les cornes … pfuit, plus personne.
Et je n’ai pas besoin d’aller bien loin pour consolider ma thèse.
Regardons, par exemple, Le Courage Version UMP.
Le coup d’œil est rapide, le bilan sans appel : du jus de navet dans les veines, deux raisins secs rikikis pour toutes gonades, et les voilà, armés de leurs petits muscles gonflables d’occasion à l’assaut de l’évasion fiscale.
Et ça fait mal. Ca fait mal de penser que ces gens là sont passés par de grandes écoles de la République : ou bien cela revient à constater que ces écoles dispensent un enseignement de très basse qualité dans un temps trop court et sur des sujets sans importance, ou bien on en est réduit à se dire que nos élites n’ont absolument rien retenu de cet enseignement et courent depuis plusieurs années dans tous les sens à l’instar d’un poulet auquel on aurait tranché la tête.
Ainsi, quel courage et quelle intelligence déploie notre aimable Woerth lorsqu’il brandit ses menaces de pacotille ? Pour rappel, notre fier moussaillon de la finance internationale a déclaré détenir une liste de 3000 moutontribuables français ayant des comptes dans des banques helvétiques. Et le fanfaron de ministre de préciser que Bercy a « les noms » de ceux qui font le boxon au fond de la classe. Pour un montant de … 3 milliards. Soit 1 million par compte en moyenne, ce qui veut dire … du menu fretin qui doit déjà être en train de prendre ses précautions à l’heure où j’écris.
Le courage, ici, consiste donc à utiliser les médias pour faire peur à 3000 pékins qui ont dû, plus que très probablement, se tortiller dans tous les sens pour extirper cet argent des mains boudinées du fisc français. Il consiste à brandir une liste et menacer de la divulguer, ce qui est, de loin, une sorte de chantage à la rue, sur l’air d’un « peuploratapo ! » tout à fait dans l’air du temps.
Et quelle intelligence ! Avec un tel coup de semonce, à n’en pas douter, ceux qui voudront réussir à exfiltrer de plus gros montants sont déjà en train de prendre les mesures qui s’imposent pour s’assurer de leur tranquillité. Et ceux qui sont déjà à l’abri doivent probablement bien rigoler des petits couinements stridents de Woerth, tout en se demandant combien de temps l’état français va bien pouvoir tenir à ce rythme.
Car il ne faut pas se leurrer : rattraper les moutontribuables qui fuient ne sauvera pas les finances. C’est déjà la déroute dans la bergerie et l’odeur de cramé a maintenant envahit toutes les pièces. Et puis, bon, Woerth peut bien agiter ses petits bras, les faits sont là : jusqu’à présent, la cellule de régularisation a permis à l’État français de récupérer à peine un demi-million d’euros grâce à vingt accords.
Ça cogne, hein ? Je serai curieux de savoir ce que cette cellule coûte, à l’année. Histoire de voir, pour rire, si elle rentre dans ses frais.
Le Seul Courage du Politicien. Finit toujours mal.
Et Le Courage Version PS est de la même trempe.
Sur le même sujet, on notera que les imbéciles de gauche valent autant que les crétins de droite, au tropisme près : étant dans l’opposition, ils … s’opposent, en disant en substance que le projet de la droite visant à inciter fortement le moutontribuable à rentrer au bercail ne serait qu’une amnistie déguisée, ce qui était, on en conviendra, le moins qu’ils pouvaient faire en ces périodes de terrible disette intellectuelle.
On ne s’étonnera pas de constater qu’une fois encore, les socialistes sont systématiquement du côté du combat du Toujours Plus d’Impôts. Mais, sur le plan du sujet, plutôt qu’essayer de péniblement racler les fonds de tiroir pour sauver une république qui n’en peut plus de sombrer, on peut se demander pourquoi les socialistes n’ont pas plutôt choisi de s’attaquer aux dépenses outrancières de la classe politique (dont les montants sont autrement plus gros que ces quelques millions par-ci par-là), ce qui serait pourtant un combat à la fois médiatiquement rentable et tout à fait dans les cordes d’élus qui se veulent proches du peuple.
Et on notera, à droite comme à gauche, l’absence totale d’opposition au fond du problème : aucune gêne devant l’absence de tout secret bancaire, pas de souci devant l’aléa fiscal total dans lequel baigne le contribuable qui peut voir sa situation changer du jour au lendemain par le seul fait du prince, aucun scrupule devant le droit à une vie privée.
Mais las, tout ceci n’est pas à l’ordre du jour.
Là encore, point de courage. On se borne à taper, à droite comme à gauche, sur les moins nombreux (les riches) pour à la fois masquer l’indigence des mesures pour les plus nombreux (les pauvres) ou faire oublier l’opulence des rentes pour les politiciens.
Et il en va strictement pareil pour tous les sujets. Si l’on prend la taxe carbone, usine à gaz pour lutter contre … les usines à gaz, on retrouve là encore les mêmes positions idiotes qui permet à tout ce que la France compte de politicien aguerri de montrer l’étendue de sa pleutrerie devant les faiseurs d’opinions, proclamés ou réels. Là où ces derniers avaient déclaré que l’évasion fiscale était un scandale, ceux-là affirment que rejeter du CO2 c’est très très mal. On notera dans les deux cas que ces positions sont, finalement, très pratique pour tout état glouton.
Voilà donc nos petits pitres de la démocratie partis en guerre contre le carbone gazeux, trouvant prétexte à taxer encore. A droite, on tergiverse sur les modalités, à gauche, on en profite pour en faire un agenda médiatique et recoller – vaguement – les morceaux, mais là encore, aucune opposition sur le fond du problème, à savoir qu’au final, il s’agira d’une nouvelle ponction.
Les abrutis de droite jugent intéressant d’opérer la biopsie directement sur le moutontribuable de moins en moins dodu mais encore en vie. Les crétins de gauche pensent camoufler la sodomie en l’opérant sur le vendeur de foin, et ainsi, personne n’y trouvera rien à dire. Le mouton devra payer sa pitance plus chère, ou mangera moins, voilà tout…
Le résultat sera de toute façon une diminution du pouvoir d’achat : mais baste, on s’en fiche. Délice de la démocratie : le courage du politicien consiste à ponctionner, surtout pas à rester sur place une fois la ponction opérée !
Et un beau matin, ce sera la ponction de trop.
En marge de ces remarques, on peut aussi noter qu’une méthode efficace pour éviter l’évasion fiscale consiste à mettre en place une fiscalité à la fois simple et peu élevée. On pourrait ainsi parler de l’aventure de la flat tax dans les pays de l’Est.
Pour information, on peut trouver les données suivantes sur les pays ayant imposé une flat-tax récemment – comme par hasard, ce sont des anciens du bloc de l’Est… Le premier % est la flat-tax en place.
- Estonie : 22% ; croissance économique de 1.45% avant à 7.51% après.
- Géorgie : 12% ; 5,87% avant, 9,75% après.
- Lettonie : 23% ; -3,77% avant, 7,54% après.
- Lituanie : 27% ; -8,25% avant, 6,49% après.
- Roumanie : 16% ; 0,48% avant, 6,67% après.
- Russie : 13% ;-1,28% avant, 6,54% après.
- Serbie : 14% ; 4,00% avant, 6,26% après.
- Slovaquie : 19% ; 4,30% avant, 7,60% après.
- Ukraine : 13% ; -3,14% avant, 6,80% après.