La programmation établit, l'excitation dissipée et la réalité retrouvée, le constat est le même année après année, la Route du Rock reflète idéalement tendances et revivals, universalisme et charlatanisme. Des groupes qui mourront la gueule ouverte, dépendants du moment et non de leurs talents. D'autres qui se verront hissés en révélation-révolution et des gloires passées qui reviendront conquérir la clique londono-parigo-bretonne. Retour sur un fait marquant de la dix-neuvième édition. Gang gang dance, Telepathe, rouge molletonné, bébé déformé.
Ma conclusion finale sera très claire. Gang Gang Dance est le groupe le plus intéressant du festival. Mais laissez moi le temps de les égratigner quelque peu.
Et pourtant, tiquée, toquée à l'acide, cette perversité tribale à cheval entre tente à sueur et voodoo pédophile me bouleverse. Je ne comprends pas grand-chose à ce baragouinage hypeux et sectaire, tout au plus quelques bribes, j'essaye de piquer le peu de mélodies intelligibles. Un amalgame puissant, avènement solennel sous mes yeux de bohème de cet enfant raté, pissé par une mère incestueuse, à quatre pattes, les yeux convulsés et la tremblote des mauvais jours. Un concept obscur, très germanique, un projet zéro, très communiste. Une partouze brooklynienne (?) d'envergure avec en chef de file le ska de Vampire Weekend, l'électrique de MGMT et l'expérimental d'Epée du bois. Ajouter à cela la descendance indienne d'une fan de Slumdog Millionnaire (oui, c'est une insulte) et voilà qui donne un OVNI musical de taille. Hard à suivre, difficile à supporter mais une fois pénétré, rien ne semble pouvoir les stopper. Sensation assez particulière et peu commune; j'ai la nette impression d'avoir su évincer mes préjugés pour aimer un groupe, simplement. Et ca fait longtemps que ça ne m'était pas arrivé.
Je ne pensais rien trouver au Palais du Grand Large. Erreur. J'ai enfin su déceler le seul groupe à la hauteur des ambitions de Floret (co-programmateur de la route du rock) : le post.