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Fadela Amara incarne la véritable rupture du profil ministériel
Publié le 10 octobre 2007 par Exprimeo
Fadela Amara incarne la véritable rupture du profil ministériel. C'est une approche de société civile avec des termes à la connotation populiste qui doivent lui assurer un succès croissant.
L'immigration est un sujet qui mérite davantage de rationnalité.
Sur ce sujet tout particulièrement, la France se divise vite en deux. Il y aurait d'un côté la France légendaire des Libertés, des droits de l'homme et du cosmopolitisme. D'un autre côté, celle qui serait le symbole du repli sur soi, du rejet de l'autre, de la peur de l'étranger. Sommes nous réellement tantôt aussi ouverts à autrui tantôt aussi hostiles à autrui ? Il faut répondre à cette question sans tricher c'est-à-dire sans recourir à des arguments émotionnels qui bâillonnent la réflexion et la raison.
Il nous faut d'abord regarder l'Histoire. Au cours des temps, deux nations ont été d'exceptionnels pays-refuges : les USA et la France. Ils fabriquèrent leurs citoyens grâce à des pratiques puis grâce à des règles différentes.
En un siècle et demi, 40 % de la population américaine fut composée d'immigrants nouveaux. Ils vinrent d'Irlande, de Scandinavie, de Pologne, de Russie, d'Allemagne, d'Italie, de Hongrie, du Japon, du Mexique ; il y eut même quelques français. Sitôt débarqués, ils furent américains. Voici les chiffres : 31 millions d'habitants outre Atlantique en 1860, 62 en 1890, 105 en 1920. Dans la seule année 1905 – année record – les Etats-Unis absorbèrent un million d'immigrants ; sans broncher. Sans broncher ? Voire.
Dès 1880, la Californie, suivie peu après par l'Etat Fédéral, introduisait la notion de " quota ", pour limiter l'immigration asiatique.
A partir de 1917, le Congrès vote " L'immigrant Act " qui pose des critères sélectifs (quantitatifs et qualitatifs) pour avoir le droit d'entrer aux Etats Unis. Soutenue par tous les syndicats, trente deux fois votée par le Congrès, la loi sera trente deux fois bloquée par le veto du Président ; la Maison Blanche est alors plus " libérale " que les parlementaires. En 1929, Washington cède : c'est le " National Origin's Act " qui limite à cent cinquante mille chaque année le nombre des immigrants possibles. Les portes des Etats Unis seront désormais fermées. Un sociologue américain écrira : " une alliance se forma donc entre les Yankees, les blancs du sud, les syndicalistes, les intellectuels progressistes, les théoriciens du racisme, les puristes de la race et les xénophobes professionnels… Sus aux envahisseurs qui vendaient leur travail pour rien, abaissaient les salaires, lisaient des livres subversifs, vivaient comme des cochons et se reproduisaient comme des lapins ".
Cet exemple montre, si besoin était, que les " belles âmes " craquent lorsque les pressions intérieures et extérieures sont trop fortes...
Ce rappel montre que des pays à la réputation d'accueil ont rencontré des périodes plus 'contrastées" et vivent avec des contraintes légales fortes.
En réalité, un repère simple devrait rapidement s'imposer dans le débat politique français. L'honneur d'un être humain, c'est de choisir sa vie. Pas de la subir. Il y a une dignité à vouloir être portugais, malien ou algérien. Il doit y avoir une dignité équivalente à vouloir devenir français.
Dans le calme, il importe donc de définir le code de bonne conduite mutuelle qui écarte les malentendus, les processus d'exclusion pour évoluer vers une adhésion claire et volontaire.
C'est ce nouveau contrat pour conserver une tradition actualisée d'accueil de notre pays que le Gouvernement doit définir et le profil de Fadela Amara sur ce chemin est un immense atout positif.