«Rentre chez toi et habille-toi correctement, fille des rues. Sale graine! Tu n’as pas honte de discuter avec un garçon que tu ne connais pas ?», le sarcasme fuse d’un bus.
Un jeune garçon, la vingtaine révolue, le kit man suspendu à l’oreille, la tête coiffée d’une casquette et portant une barbe, lance cette flèche contre une fille qui discutait avec un garçon, sur le trottoir, au pied de la mairie de Kouba, à Alger.
Touchée dans sa dignité, la fille réplique par «un doigt d’honneur» ou «d’horreur», c’est selon.
Le bus redémarre et le garçon replonge dans «le monde d’Ali Baba et les quarante voleurs» du kit man.
La scène se déroule un jour de Ramadhan, vers 16h30. En provenance de Ben Omar, le bus continue son chemin vers la place du 1er-Mai.
L’incident suscite des commentaires. «Comment peut-on se permettre de porter atteinte à des filles que l’on ne connaît pas de la sorte ?», fulmine un passager, apparemment d’un niveau d’instruction élevé.
Son compagnon l’invite à se calmer et relativise: «Nous sommes au mois de jeûne. Les nerfs sont à fleur de peau. Se sentant agressé par la tenue et le comportement de la fille, le garçon a réagi violemment».
Peu convaincu, l’autre reprend en s’exclamant: «Hé! Mais c’est de l’atteinte aux libertés individuelles qu’il s’agit là.» Alors que le garçon semble ne pas broncher, un autre passager intervient: «Ces dernières années, nous assistons à une remontée inquiétante de l’intolérance dans la société».
Suite….