En fait, ça fait déjà quelques jours, parce que je l'ai dévoré ! Comme tous les Werber depuis Les fourmis, il se lit très facilement, le roman est bien construit, et une fois n'est pas coutume: je me suis vraiment marré à la fin du livre (c'est assez rare que je rigole tout seul sur un livre, mais là, c'était le cas).
Néanmoins, j'aimerai formuler deux critiques, l'une sur l'oeuvre (et la série générale de la vie après la mort), et l'autre sur l'auteur et ce qu'il montre d'auto-critique (ou pas !).
Un syncrétisme et des thèses peu étayéesEn tant qu'ancien journaliste scientifique, et par son style d'écriture, en créant l'encyclopédie du savoir relatif et absolu, Werber s'est forgé une image de savant polyvalant ayant des connaissances sur un peu tout et n'importe quoi. Et la plupart du temps, de par la manière dont c'est présenté, on ne peut qu'abonder dans ce sens.
Néanmoins, on peut remarquer qu'un certain nombre de ses vérités sont remises en question, mais ces erreurs ne sont décelées que par les yeux les plus avertis, malgré la préface de l'oeuvre, où l'auteur souligne: Attention, cet ouvrage n'a aucune prétention scientifique,
philosophique, politique ou gastronomique. C'est une accumulation de
"petits machins qui traînent".
Cette démarche d'universalité dans le savoir ne me dérangeait pas trop tant que ça parlait des fourmis ou de la recette du pain (d'ailleurs, les objections sont plus des corrections de détails que des anti-thèses).
Le problème, c'est qu'il a entrepris la même démarche en ce qui concerne la "spiritualité" (les guillements, c'est parce que c'est lui qui emploie ce mot). Et là, quand on s'y connait un minimum, on se rend compte que c'est un grand n'importe quoi.
S'il est vrai qu'il existe un certain nombre de ressemblances que les ethnologues et les sociologues expliquent, entre des divinités de peuples parfois éloigné, faire un genre de Gloubi-boulga spirituel me parait quelque peu dangereux, et pour le coup plutôt infondé. Certains rapprochements entre le Livre des morts Egyptien, la Bible, les évangile ou tel texte sacré hindou sont même selon moi assez douteux.
Et la caution de vérité qu'il a pu acquérir est dans ce cas beaucoup plus problématique, car l'on est amené à tout gober croire, et il semblerait que pour le coup, tout ne soit pas à prendre au pied de la lettre.
Ces thèses bizarres, on les retrouve particulièrement dans le mystère des dieux: comment ne pas faire le rapprochement entre les Hommes-Dauphins et les Juifs, entre le Purificateur et Hitler.
Comment ne pas voir le lien entre les Hommes-Aigles et les Américains (voire les chrétiens dans leur globalité, ou même les catholiques, quand on parle de grandes cathédrales...), qui reprennent la doctrine de l'Envoyé (Jésus de Nazareth), en l'empallant et en faisant porter le chapeau aux Hommes-Dauphin, supprimant le symbole dauphin (le poisson), pour mettre en avant l'Envoyé, souffrant et empallé (le Christ en croix).
Ce qui me pose vraiment problème, c'est que toutes ces thèses ne sont en fait que des allusions déguisées, avec énormément de raccourcis, et aucun fondement explicite. Alors certes on est dans un roman de fiction, mais quand on affirme (ou quand on fait tout pour affirmer) certaines choses, je pense que la moindre des choses est de fonder ses propos sur des faits... Tout ces insinuations très floues me dérangent...
Je suis différent et incompris, donc les critiques ne peuvent pas m'atteindreBernard Werber se projette fréquemment dans ses romans, et certains de ses personnages lui ressemblent comme deux gouttes d'eau. Il les utilise bien souvent pour répondre à des critiques, de manière plus ou moins déguisées...
Son propos est, en résumé: je suis un auteur d'un genre nouveau. Ce que je fais n'a jamais été fait avant, ainsi donc, je ne peux pas être soumis à la critique (et pour celles et ceux qui n'ont pas compris cela, je vous renvoie à la section vidéos de son site qui finira de vous convaincre).
Je suis d'accord que sa démarche est vraiment originale (encore qu'on trouvera peut-être un auteur qui auré déjà exploré cela, mais passons).
Je suis d'accord qu'il amène à une certaine réflexion (quoi que par moment, ça ressemble vraiment à de la philosophie de super marché).
Mais je ne suis pas d'accord du tout pour qu'il se confine dans une pseudo bulle intellectuelle, le protégeant de tout.
Il se présente de plus comme une victime incomprise de tout le monde littéraire et cinématographique, et même si je lui accord qu'au cinéma, ce qu'il fait n'a réellement jamais été fait, ça n'empêche qu'on est en droit de dire que l'éclairage, la musique, même le sénario ou tel autre aspect objectif de son film est bon ou mauvais... et que c'est une réelle fuite que de se planquer derrière une certaine originalité pour refuser toute critique...
Ceci étant dit, je continuerai à acheter ses livres et à voir ses films ;-)
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 30 juin à 20:18
pour infos: c'est l'eduqué et non l'envoyé... bien vivement le prochain!