Magazine
Merci la crise!
Elle nous permet de voir plus clair. "C'est quand la mer se retire qu'on peut voir ceux qui se baignent nus." C'est une citation de Warren Buffet ou elle s'en approche.
La mer se retire. La marée haute est terminée. On commence à découvrir ce qui était caché, enfoui, submergé. Nos actions, nos pensées, nos réflexes. Que commence t'on à voir? Des rochers d'excès d'argent facile, des écueils d'hyper-consommation, des algues de matérialisme. outrancier. Les premières victimes en sont les chômeurs. Les secondes victimes en sont les traders. Ils représentent les deux extrémités de notre société d'hyperavidité qui va disparaître peu à peu. D'autres symboles tomberont. Mais on commence à ramasser également des coquillages de générosité, des étoiles de mer d'initiatives viables, des crustacés de frugalité. Une marée ne dure pas une heure. L'empire romain n'a pas décliné en une année. Laissons lui le temps. Mais en attendant, dans cette période d'incertitude, que faire? D'abord peut-être prendre conscience que tout excès porte en lui les germes de sa destruction. Ensuite, qu'il s'agit d'une chance inouïe de remettre en cause notre façon d'être, de penser et d'agir. Prendre conscience que "le cauchemar de l'opulence" va se terminer peut nous réjouir, réaliser que la maladie de l'abondance qui porte en elle les miasmes de l'inégalité est terrassée peut nous donner de la force. Notre obésité de communication à outrance appelle un régime de silence, notre surpoids de possessions appelle une diète composée de simplicité, notre corpulence de l'urgence sans limites appelle un remède ciblé sur l'essentiel. La réussite zen est plus que jamais d'actualité. Nul ne change en profondeur sans l'assimilation de deux composantes : on construit sur les anciennes fondations et le facteur temps est un puissant allié. Il faut donc être reconnaissant aux excès de cet ancien Monde (même si c'est douloureux) et commencer à envisager avec sérénité et sans précipitation la place que nous souhaitons prendre dans le Nouveau. Mais, pour le moment, à défaut de réponse immédiate, prenez un coquillage, appliquez-le contre votre oreille et écoutons la mer ensemble ....