Pour l'heure, il s'était bien gardé d'intervenir en sa qualité nouvelle de ministre de la Culture, privilégiant le projet Hadopi - eh, oui... on va le retrouver bientôt, celui-là - et on l'avait moins encore entendu concernant la numérisation par Google, dont la BnF souhaiterait profiter.
Quoiqu'à ce niveau-là, le conditionnel relève de la précaution inutile : attendu qu'on discute avec Google, c'est que les négociations visent une solution. Et comme l'établissement n'a pas l'argent nécessaire pour réaliser seul et rapidement ce passage au numérique...
Mitterrand, homme engagé
Mais voilà que Frédéric Mitterrand, fervent défenseur de la numérisation « du patrimoine culturel de l'État, en raison des potentialités d'accès qu'elle recèle et d'élargissement des publics qu'elle permet », comme il le déclarait voilà dix jours, remontre le bout de ses lunettes dans le dossier Google / BnF.
Si voilà dix jours, « aucune option ne saurait être privilégiée en l'état actuel des réflexions en cours », le ministre s'est engagé à prendre une décision « rapidement » sur le sujet. Aucune date avancée par Match qui a donc chopé cet adverbe au vol, pas plus que de précisions sur la nature de cet engagement.
Quelle alternative a la BnF pour exister ?Search Engine Feng Shui a pour sa part publié un bon article qui présente clairement les enjeux, tant économiques que culturels posés par cet accord possible entre la BnF et Google Books. « Hors les questions budgétaires qui se font d'autant plus pressantes en période de crise, la BNF ne peut apparaître sur Internet avec une plateforme totalement indépendante. Elle devrait alors rallier d'autres acteurs culturels, en France et a l'étranger, pour simplement exister face a un Google. En France, la chose est encore jouable, même si certaines collectivités (la Bibliothèque Municipale de Lyon notamment) ont déjà clairement fait le choix de Google. »
Racine Boileau de La Fontaine Molière
Le paradoxe de la situation n'aura cependant échappé à personne et pourtant, si notre mémoire ne faillit pas trop, lors de l'annonce de la collaboration entre Google et la bilbiothèque de Lyon, Bruno Racine, l'actuel président de la BnF, avait eu des paroles qui auraient pu mettre la puce à l'oreille. Il considérait que « la nouvelle peut être accueillie de manière tout à fait sereine » de cet accord entre les deux entités.
La réplique suivait néanmoins de près : « La BNF est engagée dans une numérisation massive de ses fonds patrimoniaux et, d'autre part, le projet de bibliothèque numérique européenne est maintenant lancé de façon irréversible. » Ce même Bruno Racine, qui voilà peu, temporisait comme il pouvait les implications de cet accord possible.
C'était en le 11 juillet 2008, et Albanel, alors en poste n'avait rien dit... Au ministre de se prononcer, donc...