Cher Gattuso, comment vas-tu?
“Ben, je ne vais pas pouvoir répondre à ma convocation pour la Nazionale car je suis blessé et je resterai éloigné des terrains durant 15-20 jours. J’espère revenir contre Marseille en Ligue des Champions. Je viens d’aller à l’hopital et ils ont confirmé le problème aux ligaments de la cheville gauche. Voilà comment je vais.”
Tu es même allé à l’hopital?
“Oui, pour comprendre ce qui m’est arrivé. Et d’autre part, les gens savent que si je suis par terre, balle arrêtée, à San Siro durant un derby, ce n’est pas pour faire de la comédie.”
Mais le médecin du Milan qui est intervenu a compris directement ce qui se passait?
“J’avais un bandage à la cheville gauch, on aurait dit une chaussure blanche, ce n’était pas une blague.”
Mais pourquoi être resté 20 minutes sur le terrain avant de décider de te remplacer?
“C’est de ma faute, je peux le dire, j’ai la tête dure, je devais sortir tout de suite. Avant de laisser tomber face à la douleur j’ai voulu essayer de résister sur le terrain. Je pense que c’est un comportement d’homme, je ne veux pas faire l’héro. Ce n’est pas la première fois que je le fais.”
C’était quand la dernière fois?
“C’est arrivé la saison passée durant Milan - Catania. Je me suis fait mal à la fin de la première mi-temps, j’ai résisté toute la seconde mi-temps avant de découvrir que j’avais une lésion au ligament du genou. Tous les médecins qui m’ont vu m’ont demandé la même chose : comment as-tu fait pour jouer une mi-temps dans ces conditions?”
Revenons sur le derby : de la 17ème minute au moment de ta blessure au moment ou tu as levé la main pour demander le changement, tu n’as rien dit au banc?
“J’ai prévenu Ambrosini, avec un signal codé, d’accélérer son échauffement parce que je devais sortir, je n’en pouvais plus. C’était encore pire après avoir courru derrière Eto’o sur l’action du penalty.”
Tu sais que tu as déjà risqué le carton rouge à ce moment?
“J’ai lu et entendu : je devais sortir avant la faute sur Sneijder, c’est la seule consolation, si on peut parler de consolation après avoir pris 4 fessées de l’Inter.”
Revenons au penalty : c’était ton rôle de freiner la contre-attaque d’Eto’o?
“Je me suis retrouvé à cet endroit et je me suis lancé sans réfléchir dans la tentative de le rattraper. J’ai réussi à le rejoindre mais mon bras l’a freiné et l’a fait tomber et à la fin de cette accélération j’ai ressenti une p***** de douleur.”
Pourquoi n’as-tu pas demandé d’être secouru à ce moment, en arrêtant le jeu une seconde fois? Il y avait le penalty à tirer, il y avait assez de temps pour préparer Seedorf ou Ambrosini…
“Parce que j’étais gené de me rendre et de me jeter par terre une nouvelle fois. Vous savez comme je suis sur l’argument, je trouve ça humilant pour un homme.”
L’autre question d’accusation est la suivante : en sachant être averti, pourquoi avoir fait la seconde faute, inutile, au milieu de terrain, sur Sneijder en sachant que l’expulsion serait survenue?
“Ca, c’est une question qu’on peut demander à ceux qui sont en tribune, avec une bouteille d’eau en main et qui a le temps de réfléchir, penser et décider ce qui est le plus utile. Moi non. Moi je me trouvais dans une situation très différente. Je venais de sortir du terrain, j’avais enlevé le brassard de capitaine et je le tenais en main parce que Seedorf n’était pas prêt. Les télévisions ont même chronométré le temps durant lequel je suis resté au bord du terrain à attendre le changement avec mon brassard en main : 2 minutes et demi. Dans ces conditions, je suis revenu sur le terrain à toute vitesse et c’est difficile d’évaluer l’intervention la plus rationnelle : l’instinct te guide. Et il m’a guidé vers la mauvaise solution.”
Pendant ce temps-là, il y a le derby au résultat exaltant pour l’Inter et humiliant pour Milan…
“On s’était bien préparé durant toute la semaine. On savait qu’on ne devait pas encaisser, sinon c’était fini. Et en effet, au début on a été très compacts et serrés, surtout en phase défensive.”
Beaucoup de critiques soutiennent que le Milan a résisté à l’Inter jusqu’au moment de ta blessure. Puis c’est comme si une brèche s’était ouverte au milieu du terrain…
“Je ne me laisse pas influencer par ces jugements. Moi je suis une personne pratique qui va à l’essentiel : on a perdu. Et je dit qu’à un certain moment, l’Inter nous a martellé et a gagné beaucoup de ballons en mettant sous pression la résistance de la défense.”
Certes, le Milan n’a même pas eu la moindre réaction…
“A ce point là, avec l’équipe à 10 et le résultat fixé sur le 3-0, même pas Rambo aurait réagi. Pato était tout seul devant.
Tu sais que Moratti soutient que l’Inter a freiné volontairement en deuxième mi-temps?
“Au revoir.”