Je crois rêver en lisant le nouvel article 71-1 de la Constitution qui institue un défenseur des droits pour “veiller au respect des droits et libertés par les administrations de l'Etat, les collectivités territoriales, les établissements publics, ainsi que tout organisme investi d'une mission de service public”.
Une des responsabilités d'un Etat de droit, celle qui doit primer toutes les autres, est de respecter et faire respecter les droits et libertés des citoyens dont l'Etat est le serviteur. Un Etat de droit ne devrait donc pas avoir à être survellé s'il assumait la responsabilité qui lui incombe.
Un somnambule est une personne qui se lève, agit et parle tout endormie. La France a connu des périodes pendant lesquelles elle fut gouvernée par des somnambules. La pire fut celle qui a précédé la Deuxième Guerre Mondiale puisqu'elle a conduit au plus grand désastre que la France ait jamais connu : les millions de français errant sur les routes pendant l'exode et les deux millions de français détenus dans les camps de prisonniers de guerre pendant cinq ans.
“Comme un somnambule, errant dans son sommeil, marche en dormant, sur les bords d'un précipice, dans lequel il tomberait s'il était réveillé tout à coup, ainsi mon Emile, dans le sommeil de l'ignorance, échappe à des périls qu'il n'aperçoit point : si je l'éveille en sursaut, il est perdu” (J.-J. Rousseau, L'Emile).
L'appel à une ”logique cartésienne” a les mêmes effets qu'une drogue en ce qu'elle permet d'échapper à la réalité.
La réalité en matière de droits de l'homme est qu'ils ne sont ni définis ni garantis par la constitution française. Mais il s'est élaboré tout une construction intellectuelle apparemment “cartésienne” pour démontrer le contraire.
Il s'y ajoute maintenant un “défenseur des droits” qui fera l'objet d'une loi organique à venir que l'on attendra avec une grande curiosité pour voir de quel coté elle pourra faire pencher la balance : l'Etat ou les citoyens.
Christian Lesecq