Une plume fichée sous le crâne aquatique
Périscope tactile aux cils de cécité
Lent bovin revêtu d’un fuseau hermétique
Nageoires en dérive en dessous des cités,
Vers l’abreuvoir des vases aux bourbeux limons,
Où roulent dans des bassins et dans des canaux
Les heures de la Lune et les pleurs des amonts,
L’animal échappé aux quai où son anneau
Le tenait attaché, se laisse divaguer.
Défaire des surfaces où la clarté crue
Broie la plus petite ombre enfouie dans les aguets.
Oter de l’air où le pesant est un intrus.
Coque close il y rêve de vieilles frayeurs
Depuis longtemps muées en forêts toutes pleines
De chiffres et de sons aux absconses valeurs
Dont l’énigme frémit d’une enceinte lointaine.
Ebauche de ce quoi qu’on nommerait une âme,
Accordée comme un sort au don de détacher
La part sans répondant du jeu des calligrammes,
Elle emporte un instant aux mourantes tranchées.
Autour de son sonar ondoient des chevelures.
Leur voix mythique entraînent vers l’ombre profonde
L’enveloppe de chair absentée des parures,
Pour l’en aller poser sur le plus bas des mondes.
Figurée, c’était l’heure échouée en décadence,
Que le cycle du trouble dispute aux ailleurs,
Quand les huisseries ferment toute dépendance
Qui n’est pas du corps, là, plongeant de l’intérieur.
Que l’antre de la bouche où veille l’enfant sage,
Au moment de la pièce où le vide s’allonge,
S’ouvre en invitation vers les doux marécages
Que peuplent en instance les lucides songes.
Le plus souvent draguant sous les rumeurs lascives
Les pâtures laissées aux oublis délétères,
Et parfois émergeant des surfaces plaintives,
Sans rupture à son cours, c’est l’heure serpentaire.
C’était lorsque la chambre pressée sous la lampe
Vers les fenêtres penche et glisse sous la porte,
Jusqu’à la rive en une irrésistible rampe
Où attend l’autre aveugle que l’absence apporte.
La descente n’est plus qu’une tendre habitude.
Sans geste, sans regard, sans envie et sans guide.
L’aphasie perfusée d’une claire inquiétude.
Le cœur freiné. Le ventre creux. Le désir vide.
Comme allez se coucher sous la veine agitée
Dont l’opiniâtre flux presse les digestions.
Sous les essoufflements des moulins excités,
Dont les changements meuvent les exploitations.
D’une étable marine au cristallin voilé
Rejoindre l’infini de son curieux étroit,
Et la panse inversée où longtemps avalée,
Macère la matière inerte qu’on la croit.
Plutôt qu’on ne la pense pour la propager.
Concrétion sans science et pleine de prémices
C’est un corps de mille autres alors allongé
Dont lentement s’empare le lit des abysses.
Et là, rendu qui sait à l’ère de l’étrange,
S’adonner sans mesure aux mémoires présentes,
Ruminer de nouveau les termes des échanges,
Loin de l’avide gouffre aux chutes déshérentes.