Etsuko, une japonaise vivant en Angleterre reçoit la visite de sa fille cadette Niki quelques temps après le suicide son aînée Keiko issue de son
premier mariage. Elle se souvient alors d'un épisode qui l'a marquée peu de temps après la fin de la guerre quand elle vivait encore au Japon à Nagasaki qui se remettait doucement de l'explosion de
la bombe atomique : elle avait noué une amitié avec Sachiko, une femme étrange vivant seule dans une maison isolée avec sa fille Mariko. Elle-même était enceinte de Keiko.
Un roman tout en suggestions. Kazuo Ishiguro, auteur britannique d'origine japonaise procède par allusions, au lecteur alors de lire entre les lignes. Tous les protagonistes ont vécus des
traumatismes terribles et ont perdu au moins un de leurs proches d'une manière brutale et violente. Toutes les émotions sont pourtant exprimées avec retenue et quand les chagrins sont évoqués c'est
avec un détachement apparent qui peut être déconcertant, comme si le plus important était de sauver les apparences et de se montrer fort et positif. Il ne se passe pas grand-chose, pourtant on sent
une anomalie, on est happé par ce livre et on a envie de le lire jusqu'au bout.
Il m'a été difficile d'écrire un commentaire sur ce livre car la fin m'a laissée perplexe, je ne suis pas sûre de l'avoir réellement comprise. L'auteur a-t-il voulu laisser le lecteur libre de
l'interpréter à sa façon ? J'ai tout de même été très sensible au charme de l'écriture subtile et toute en finesse de Kazuo Ishiguro et de l'impression de mystère qui s'en dégage, rien que pour ça,
j'ai aimé ce livre.
extrait : "Peut-être mon souvenir de ces évènements est-il devenu flou avec le temps ; peut-être que les choses ne sont pas passées exactement
comme je me les remémore aujourd'hui. Mais je me rappelle avec une certaine netteté le sortilège troublant qui semblait nous lier toutes les deux, debout dans les ténèbres qui s'épaississaient,
contemplant cette forme qui gisait plus loin sur la berge. Enfin, l'envoûtement fut rompu, et nous nous mîmes à courir. Arrivée un peu plus près, je vis Mariko roulée en boule, les genoux repliés,
nous tournant le dos. Sachiko atteignit notre but un peu avant moi car ma grossesse me ralentissait ; elle se tenait près de l'enfant lorsque je la rejoignis. Les yeux de Mariko étaient ouverets et
je crus d'abord qu'elle était morte. Mais je les vis bouger et se lever vers nous ; ils nous fixaient avec un regard étrangement vide."
Lumière pâle sur les
collines, Kazuo Ishiguro, Folio, 297p.
lu aussi par : lilly, Naina94, Woland