Daniel Cohn-Bendit s'est faché tout rouge contre Ségolène qui a osé remettre en cause la taxe carbone, un impôt forcément intouchable car écolo. Désormais, le terrorisme intellectuel autour de l'écologie est tel qu'il est impossible de remettre en cause la moindre mesure estampillée "écologique". Ségolène vient d'en faire les frais avec menace de refus de partenariat lors des prochaines élections régionales et des primaires à gauche.
Sur la taxe carbone, quel était le propos de Ségolène ? En gros, elle rappelait que cette taxe était injuste et allait encore un peu plus augmenter l'impôt des plus modestes qui ne peuvent pas, par nécessité, acheter des produits peu polluants. Le bobo des villes (cible n°1 des Verts) pourra toujours acheter des produits moins polluants car il en a les moyens et aussi parce qu'en ville les infrastructures sont suffisamment nombreuses pour ne se déplacer qu'en transports en commun par exemple. Un ouvrier vivant en campagne et devant aller au travail en voiture sera lui taxé car il est obligé de posséder un véhicule. De temps en temps, Ségolène a des éclairs de lucidité et je trouve que pour le coup elle a raison. D'ailleurs, le contre-argumentaire de Cohn-Bendit est inexistant. Il dit que "la fiscalité écologique est une nécessité, une urgence" et puis voilà. J'aime ce genre de phrase qui empêchent tout débat en posant comme évidences des faits hautement discutables (relisez Bourdieu et son analyse des lieux communs).
Cette taxe carbone apparaît de plus en plus comme un moyen habile, car inattaquable, de remplir des caisses publiques désespérement vides. Au lieu de mettre en place ce machin, on aurait pu augmenter la fiscalité des plus aisés (qui ont souvent des comportements moins écologiques) mais non ce genre de choses c'est ringard, crypto-communiste. Alors que la taxe carbone pour tous, payées de la même manière par les riches comme par les pauvres, ça c'est moderne coco.