Mais les positions prises par certains responsables de gauche m'inquiètent aussi.
Plus encore, la tentation du populisme fiscal n'est-il pas un piège que l'actuel Président de la République vient de tendre avec succès à l'opposition ?
Taxe carbone ou contribution climat énergie ? La taxe carbone présente plusieurs inconvénients, à commencer par le fait que l'énergie électrique est exclue de son assiette.
C'est pourquoi une contribution climat énergie est nettement préférable. Indispensable aussi si l'on pense que face à la crise climatique en cours il faut actionner tous les leviers à notre disposition.
Créer une fiscalité écologique est une urgence sur laquelle tous les acteurs du Grenelle se sont accordés. Pour deux raisons principales : baisser les émissions de gaz à effet de serre et protéger les plus faibles par un mécanisme de redistribution du produit de la fiscalité verte.
A la Rochelle, Ségolène Royal n'y est pas allée de main morte contre la taxe carbone en prenant de risque de contribuer à l'opposition contre le principe même de toute fiscalité écologique.
Ségolène Royal a ainsi ouvert le feu en dénonçant la taxe carbone qualifiée d'un impôt "injuste", "historiquement décalé", "insupportable" qui va "assommer" des familles n'ayant "pas le libre choix de rouler propre". Plus encore Ségolène Royal n'a pas hésité non plus à appeler François Fillon à retirer cet impôt et mobiliser son "énergie" pour mettre "massivement sur le marché des voitures électriques pas chères pour que les familles puissent choisir".
Passons....
Il est bien évident que ces propos sans nuance, sans souci de distinguer le projet du Gouvernement de celui des associations contribue puissamment à plomber toute possibilité de créer dans ce pays une fiscalité destinée à réduire la pollution. C'est de la démagogie pure et dure et c'est juste affigeant.
Cela est d'autant plus étrange que la Présidente de la Région Poitou-Charentes avait su par le passé prendre des positions applaudies contre les OGM ou pour l'énergie solaire... Quelle mouche l'a piquée ? Et quelle mouche a piqué sa porte parole, Delphine Batho, qui déclare que la taxe carbone est "un impôt sur la ruralité et la banlieue", "un impôt sur les pauvres".
Le souci de la nuance s'envole... On peut attendre de responsables de premier plan qu'ils soient plus prudents avant de prendre le risque d'alimenter le discours sur "l'écologie punitive et taxative" développée par le leader de Chasse, Pêche Nature et Traditions.
Martine Aubry quant à elle a pris soin de distinguer le projet des associations de celui du Gouvernement : "Nous voulons une fiscalité écologique mais nous ne voulons pas de cette taxe carbone telle qu'envisagée par l'UMP (...) inefficace sur le plan écologique et injuste socialement".
Bien... mais....que propose Martine Aubry ? Il y a lieu d'être inquiet lorsque l'on apprend que la Première secrétaire du principal parti d'opposition continue de prôner une sortie de crise fondée sur la relance de la consommation...
En réalité, il est possible que ces responsables socialistes soient en train de tomber dans un piège. Nicolas Sarkozy a brusquement accéléré la mise en place de la taxe carbone pour anticiper un éventuel échec à Copenhague et préparer le discours vert de la majorité aux régionales. j'ai commis cet article pour RUE 89 à ce sujet.
Je résume : Dans un premier temps, Eric Woerth, Ministre du Budget annonce cet été une taxe carbone à 15 euros dés 2010. L'information circule : ce projet de taxe ne frapperait pas l'énergie électrique et son produit ne serait pas intégralement redistribué. Résultat : un concert de critiques.
Oui mais voilà : Christine Lagarde vient d'annoncer au Monde que le produit de la taxe carbone serait intégralement redistribué....Si cette promesse est tenue dans le projet de loi de finances, le Gouvernement aurait donc fait un pas en avant vers la contribution climat énergie... Reste à augmenter son taux, élargir l'assiette et préciser le mécanisme du chèque vert : beauco
Mais tout de même : condamner sans appel et dés le départ un projet qui n'est pas encore présenté en conseil des ministres peut s'avérer moins pertinent que de mettre la pression pour améliorer la copie.
Et c'est prendre le risque de se faire critiquer par les écolos eux-mêmes. Daniel Cohn Bendit et Cécile Duflot l'ont déjà fait, avec raison.
Car la question reste entière : face à la crise écologique et à la flambée prochaine des prix de l'énergie que fait-on pour les plus faibles ?