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TANZ IM AUGUST Anne Teresa de Keersmaeker, too long Song

Publié le 30 août 2009 par Steffi
TANZ IM AUGUST Anne Teresa de Keersmaeker, too long Song © Hermann Sorgeloos
Il y avait des airs de kermesse de fin d'année version Fame aux alentours de minuit au Palais de Podewill. Dans un concert-cabaret exhutoire, les huit danseurs de la Cie Rosas chantent enfin toute la musique muette de The Song, la pièce d'Anne Teresa de Keersmaeker, présentée trois soirs au festival. Elle est là d'ailleurs The chorégraphe belge au planning booké jusqu'en 2011. Saviez-vous qu'elle pouvait tirer trois sons d'une clarinette? Et improviser des "choré" sur des standards des Beatles? Qu'elle pouvait se tordre de rire face aux facéties de ses danseurs equi se lâchent enfin après trois jours de représentation? Nous aussi on rit, pris dans ce tourbillon potache débordant de vitalité. Au bout d'une heure de ce cabaret presque improvisé, on se rend à l'évidence : ces beaux mâles savent tout faire - chanter, jouer, danser - et surtout maitriser les ficelles du SPECTACLE, oserais-je du DIVERTISSEMENT. Ahhhhhh, l'affreux mot est lâché. Et pourtant si, si. Regardez, le public survolté en redemande. Le danseur-pianiste ne veut plus lâcher son numéro de Jerry Lee Lewis. Sur scène on s'avale bière sur bière dans une attitude très rock'n roll. Visiblement heureux. Oubliés les soupirs impatients, les portes qui claquent et les applaudissements timides à la fin de leur première "Song", celle qui a duré plus de deux heures sur la scène du Hebbel am Ufer. Berlin pas plus que Paris n'a goûté la nouvelle pièce d'Anne Teresa de Keersmaeker, du moins pas sur sa longueur. Trois fois on a cru à la fin de la pièce, trois fois les danseurs sont réapparus, relancés une fois de plus dans leur interminable ballet. On avait vu tant de fins possibles. Quand l'unique élément de décor, grand folio d'alu, tombe sur le sol dans un bruissement léger, quand les danseurs usent leur énergie sur un Helter Skelter hurlé dans les enceintes. Mais non, pas encore, pas tout de suite. Vous avez envie que cela cesse, vous croyez vraiment que j'ai déjà tout dit, alors je vais prendre un plaisir cruel à prolonger votre impatience, bande de spectateurs ignards qui ne comprenez rien à mon propos, semble nous dire la chorégraphe. Qu'on s'entende bien, ce n'est sûrement pas là son propos, mais c'est ce que cette fin à rebondissements laisse comme goût. Rallonger, énerver, prolonger un état qui n'avance plus depuis longtemps, est-ce cela de la radicalité? Elle n'avait pourtant pas besoin de nous convaincre de la beauté de sa danse Anne Teresa. On est tout acquis à la précision fluide, à la beauté des courbes des déplacements, à l'énergie de ce bel ensemble très mâle (l'unique danseuse femme, Eleanor Bauer est absente, blessée). Chaque danseur est incroyable, tous ensemble ils sont magnifiques. Comme à son habitude la chorégraphe parvient à faire ressortir huit individualités fortes tout en les rendant indispensables à l'harmonie du tout. Dans cette Chanson des corps, Anne Teresa de Keersmaeker a renoncé à la musique, si présente dans le reste de son œuvre, mais pas son univers si bien agencé. Ordre physicien, précision mathématique d'une mise en espace des corps comme autant d'électrons libres mais rattachés à leur noyau. Jamais rien de s'arrête, ou presque, la course comme respiration, le cercle comme figure, la cassure comme rythmique. Tour à tour ces mecs s'observent, s'interrompent, se bousculent, trouvent enfin leur place dans le miroir des autres. Une femme gravite autour d'eux. Céline Bernard, bruiteuse, double avec une chaussure, un frottement, un tissu, les impacts au sol. La danse est musique. A moins que cela ne soit l'inverse. ATK semble hypnothisée par son propre univers, à la recherche d'un mouvement perpétuel qui pourrait ne jamais s'arrêter... Et qui finit par tourner en rond. Anne Teresa de Keersmaeker a oublié de tisser une trame à son bel échafaudage. Sans dramaturgie, sans grande suprise - on ne peut pas dire que son langage chorégraphique se renouvelle -, sa pièce se disloque dans un flot de lumières blafardes, grises, froides dont on voudrait bien s'échapper. Sa chanson bégaie. Le disque est rayé.

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