Le ciel déverse sur Grenoble
Des rayons d’arrière-pensées,
Il faut qu’on paye c’est fatal
Les dérapages d’autrefois.
La note est sacrement salée, une caresse
Facturée deux ans de silence,
D’ivresse, d’insultes et d’arrogance.
Les serments saignent dans l’allée,
Les souvenirs en farandole,
Défigurent l’ancienne idole,
Et insufflent à mes os
De fugaces frissons.
Les cadres des tableaux de ville
Sont immobiles.
Les longs immeubles dalmatiens, les lignes d’autobus, les pavillons paisibles
Où le citadin sans histoire,
Terrorisé,
Renifle ses humeurs derrière des fenêtres insonorisées et des portes cadenassées.
Rien ne change, ce n’est pas vrai.
Seul le futur indélébile,
Sèche la souche volubile
D’un passé trop présent.
Nous recommencerons à vivre,
Au soir de son enterrement,
Nous relirons ce livre,
Nous dirons fièrement,
L’amour est mort,
Je suis vivant.
Nous le suiciderons un soir de plus,
L’espoir naîtra de comas idylliques,
L’espoir, compagnon éphémère,
Confident des enfants, ennemi des vieillards.
L’espoir informe et babillard, mauvais génie
Changeant de forme et de chemise ;
L’espoir, seule chose qui reste
A ceux qui n’ont plus rien,
L’espoir des fous, l’espoir des chiens.
Les rues, organes génitaux
De la ville,
Ronflent et titubent, s’embrassent ridicules,
Esclaves du tic-tac
De la pendule palpitante.
Ici, on apprend dès son plus jeune âge,
A détourner les yeux.
Les amoureux ont fait un pacte
Aussi solide que l’acier,
Mais leurs corps comme un automate
Se donnent en spectacle
Sans se rassasier.
Dans le jardin de ville,
Place Victor Hugo,
Les modes sont restées de marbre,
Les hommes à l’inverse des arbres
Se parent en hiver,
Se dévêtissent au printemps.
A vingt ans le coeur crâne effrontément,
Quatre ans plus tard,
Loqueteux,
Il pleure à gros bouillons
D’avoir perdu son temps.
Ce n’est pas vrai, rien ne change,
Rien ne change, ce n’est pas vrai.
Un seul être s’oublie et tout est repeuplé.
J’ai bientôt 25 ans,
J’ai vécu comme un délinquant.
A quand,
Ces longs printemps
Que chaque année on me promet ?
Comment combler
Le souvenir vaquant de celle qui
S’est laissée tant aimer ?
Si je vous parle encore d’L*,
Dites-moi de foutre le camp !