Et c’est en relisant cette lettre que je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec notre actualité. Oui ! Le monde va mal, en quête de repères, de raisons d’espérer ou de cesser de désespérer. Pris dans un maësltrom d’informations descendantes, pandémie annoncée, crise économique, perte de sens, où se tourner pour trouver un peu de lumière et de force ?
Je vous livre des extraits de cette lettre de Satprem, datée de février 1978, adressée de Nandanam, non comme une tentative de réponse, mais comme un chemin de possible réconciliation avec soi-même et les autres. Pour en quelque sorte opposer une vision désespérée à une vision utopiste de l’avenir. L’un et l’autre étant des extrêmes, cela nous conduira, peut-être, à la Voie du Milieu…
«(…) Nous sommes dispersés, éloignés, chacun sur son petit continent, avec de petits et grands soucis, et la vie de tous les jours. Pourtant ce n’est plus comme tous les jours, une lumière cherche à se glisser à travers les fils de notre trame, si nous le voulons bien. Que pouvons-nous faire pour hâter son Moment ? Il faudrait tellement que cela aille plus vite. La terre est douloureuse, nos petits sentiments sont si gris et périmés(…) Certainement, la plus grande aide est d’appeler cette « autre chose », ce demain de la Terre, dans son cœur, dans ses actes, dans ses pensées, avec chaque pas, chaque geste, sourdement, obstinément comme on cogne à une porte, comme un appel d’oxygène et l’espace d’un sourire dans cette grisaille. Appeler, c’est faire invisiblement pousser des ailes, c’est faire un trou dans la carapace de l’habitude. (…) Vous qui aimez Mère, qui avez senti ce sourire, ce grand possible battre, donnez-vous un peu. Sortez de votre coquille. Allez porter cet imperceptible frémissement du Monde nouveau. (…) Que notre sourire embrasse toujours plus de sourires. Pour que la terre soit légère. Ensemble ! Satprem »