Une interview d’un avocat, puis juge, puis romancier, par Le Monde ("La justice ne juge plus, elle condamne") m’accroche par une phrase inquiétante (en fait, tout est inquiétant dans cette interview) :
Ce qui m'est apparu en écrivant ce livre, c'est peut-être que la conception paternelle de l'État-providence a vécu.On dirait que les pouvoirs publics se sont mis à détester les êtres humains, considérés désormais comme des facteurs de coûts exorbitants - malades, justiciables, élèves...
Voilà ce qui m'a frappé : cette phrase est un écho parfait à l’explication de Paul Krugman des raisons qui font que le marché n'est pas efficace quand il s'agit d'assurance santé : nos maux seront les coûts de la compagnie d'assurance, elle fera tout pour ne pas nous payer.
À la réflexion, l’état providence, c’est une assurance. Aurait-il adopté la logique purement financière de la compagnie d’assurance, utilitariste, court-termiste, qui fait de nos difficultés un coût ?
Faut-il accuser le capitalisme ? Ou déplorer le basculement de notre société (ou de son élite) dans l’individualisme, dont la théorie économique dominante n’est qu’une rationalisation ?
Compléments :
- Sur Paul Krugman (pour sa démonstration : cliquer sur le lien du billet) : Le marché nuit gravement à la santé.
- Sur la société que produit l’individualisme : The Logic of Collective Action.