Un remaniement ministériel est une modification partielle de la composition d'un gouvernement. Le plus souvent, elle consiste à permuter les détenteurs de certains postes ou d’en remplacer certains. Celui qui avait été différé lors du malaise lipothymique de notre Président fin juillet et qui, suite à une erreur difficilement compréhensible, vient de refaire surface, est d’une nature différente. Il consiste en une augmentation sensible de la taille de notre gouvernement, que le candidat Sarkozy avait promis de limiter à quinze unités.
Depuis des années, les salariés de notre pays augmentent leur productivité suite aux suppressions de postes qui réduisent leur effectif et les incitent à des efforts supplémentaires pour préserver leur emploi. C’est ainsi par exemple que les secrétaires, pardon, les assistantes, ont vu leur nombre réduit, chacun étant invité à saisir, classer, archiver, voire photocopier lui-même sa paperasse. De même, grâce aux ordinateurs personnels et à l’Internet, les entreprises ont permis aux cadres de travailler depuis leur domicile, brisant ainsi la frontière entre vie professionnelle et vie familiale, réalisant aux dépens de leurs salariés, et sans participer à leurs frais de logement, de substantielles économies de locaux. Et ne parlons pas de celles qui, préférant acheter que fabriquer, délocalisent leurs activités dans des pays à bas salaire.
Mais un ministre, ça a un cabinet, des collaborateurs, un chauffeur, des locaux, et rarement du côté de Clichy-sous-Bois, ça voyage, ça va au restaurant et invite des potes. On a oublié le sens du mot ministre. Un ministre, c’est un serviteur. De nous jours, un portefeuille ministériel est devenu un bon point, une sucette que l’on offre pour récompenser un service ou en espérant quelque renvoi d’ascenseur. Car, comme l’écrivait le 31 juillet sur son blog Louis-Jean Calvet : « Imaginez que le chauffeur d’un bus soit malade, ou que le pilote d’un avion se casse un bras : il faudrait immédiatement les remplacer pour que le bus circule ou que l’avion décolle ». Mais nous, nous nous morfondons depuis de longues semaines en l’absence de trois prestigieux sous-ministres. Avez-vous ressenti ce vide énorme ?
Nicolas Sarkozy, soucieux de diriger le pays comme une entreprise, n’y a visiblement jamais mis les pieds. Avant d’être retraité, je rendais tous les mois à mes supérieurs un rapport d’activité. J’avoue que je serais très curieux d’obtenir un rapport d’activité du si affable ministre de la relance, Patrick Devedjian.
Apparemment, un éclair de grâce subite a touché notre Président qui a saisi l’inconvenance qu’il y avait, quand la crise sévit et que les déficits se creusent, à gonfler un gouvernement déjà pléthorique. Puisse-t-il ne pas changer d’avis devant ses mendiants de luxe !