On peut parler des heures durant du prix des livres numériques, et comme Sony ou d'autres, le trouver trop élevé, une réalité reste : il faut rémunérer les auteurs. Ainsi que le constate MJ Rose, auteure de plusieurs romans à succès, les temps ont changé.
Force est de constater que la mutation de l'industrie est plus profonde encore dans le secteur du marketing, estime-t-elle. Aujourd'hui, les auteurs anticipent les sorties de leur livre des mois à l'avance et veulent s'assurer que la promotion sera correctement effectuée.
L'implication de l'auteur : salutaire
Et quel éditeur montrerait les crocs quand son auteur lui propose de participer à la publicité autour du livre ? Et finalement d'écrivain, il bascule également dans le rôle de VRP, et selon MJ Rose, c'est une implication qui grandit, voire devient supérieure à la part de créativité des auteurs. Avantage : ce marketing fonctionne. En devenant autre chose qu'une créature de papier, l'auteur se met à réellement exister aux yeux du public.
Sauf que l'écrivain n'est pas plus rémunéré pour cet effort de promotion de son livre et ne percevra toujours que ses droits d'auteurs. « Il n'existe aucune reconnaissance pour les chèques que nous effectuions de notre poche pour assurer le marketing ou les relations presse », pointe Rose. Une injustice flagrante qu'il faut aujourd'hui compenser : quelle que soit la somme investie, elle devrait être prise en compte par l'éditeur. Et une réévaluation des droits en fonction de la réussite serait aussi la bienvenue.
VRP de son propre livre ?
L'auteur, primé à l'intéressement des ventes, selon ses succès marketing... Original. Rose raconte comment en 1999, elle avait proposé à son éditeur de renoncer à son avance sur le livre, si ce budget était consacré à la promotion du livre : « L'équipe d'édition n'a pas seulement refusé... ils étaient horrifiés. » Et elle dépitée. On la comprend...
Les temps ont changé. Les contrats doivent suivre. Et probablement l'auteur va-t-il prendre une part plus active dans le processus de commercialisation de ses ouvrages : plus qu'un écrivain publié, il deviendrait un partenaire commercial de l'éditeur. Aujourd'hui, constate-t-elle, après plusieurs années de grincements de dents, il semble même que l'on soit allé bien plus loin dans cette idée d'implication, au point que des éditeurs réclament aux auteurs un partage de certains frais.
Bien sûr, rien ne devrait être obligatoire, mais si les auteurs prennent part à cette nouvelle activité, ils doivent en recueillir les bénéfices. En latin, merces, qui signifie salaire, a donné le mot "merci" en français : mais si le remerciement va de soi, la rémunération doit suivre... Les contrats sur lesquels repose l'édition d'aujourd'hui datent d'une époque où la promotion des auteurs avait moins d'enjeux : notre monde contemporain est un univers de promotion, d'image et de reconnaissance.
Comme le dit Rose : « Il est temps de commencer un nouveau chapitre. »