Elle affirme par ailleurs que «Le droit à la vie est LE droit fondamental de l’humanité. S’il n’est pas respecté, les autres droits, par définition, ne s’appliquent pas. Comment un Etat peut-il rester crédible comme garant de la sécurité humaine s’il peut décider de la vie ou de la mort?»
Vues depuis l’Europe, les choses ne sont pas si évidentes. Lors d’une réunion du Comité des représentants permanents de l’UE, la Pologne a marqué son désaccord avec l’instauration de cette journée placée sous le sceau de l’abolition. C’est ainsi que les jumeaux Kaczynski ont affirmé dans une dépêche de l’AFP du 6 septembre dernier :
Varsovie a bloqué jeudi une proposition pour créer une “Journée européenne contre la peine de mort” le 10 octobre, le même jour que la journée mondiale déjà existante depuis 2003. (…) La Pologne, qui est actuellement dirigée par le gouvernement très conservateur et catholique des frères Kaczynski, juge cette journée sans intérêt (…) et voudrait créer à la place “une Journée de défense de la vie, qui condamnerait à la fois la peine de mort, l’avortement et l’euthanasie.” (…) Les frères Kaczynski ont regretté par le passé ouvertement que la peine de mort ait été abolie en Europe. En août 2006, ils ont pris une initiative sans lendemain pour tenter de faire modifier la Convention européenne des droits de l’homme, qui s’applique aux 47 Etats membres du Conseil de l’Europe, et leur interdit de pratiquer la peine de mort.
Malgré cette opposition des jumeaux, incarnée par le droit de veto de la Pologne, qui a contraint l’Union européenne à renoncer à son projet d’instituer une journée pour l’abolition de la peine de mort, le Conseil de l’Europe a décidé le 27 septembre de décréter le 10 octobre «Journée européenne contre la peine de mort». Cette passe d’arme entre la Pologne et le Conseil de l’Europe a été précédée d’une «remontée de bretelles» à l’endroit de la Pologne par le président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), René van der Linden, qui a qualifié d’ «inacceptable» l’opposition polonaise à une «Journée européenne contre la peine de mort».
Il n’en demeure pas moins que, selon Amnesty International, durant l’année 2006, au moins 1591 prisonniers ont été exécutés dans 25 pays et 3861 personnes, sinon plus, ont été condamnées à mort dans 55 pays et territoires. Selon la même source, le nombre de personnes en attente de leur exécution serait compris entre 19185 et 24646. La quasi-totalité des exécutions a lieu dans 6 pays, soit : Chine, États-Unis, Irak, Iran, Pakistan et Soudan.
Pour le reste, j’attends personnellement que la ville de Lausanne fasse mieux que l’année passée pour la journée «Villes pour la vie, villes contre la peine de mort» qui aura lieu le 30 novembre prochain.
- Et toujours utile à rappeler, le fameux discours de Robert Badinter devant l’Assemblée nationale française, le 17 septembre 1981 :
Posted in Société | Tagged abolition, Europe, journée mondiale, peine de mort, Pologne | 2 Comments