Retour sur un premier débat

Publié le 28 août 2009 par Politicoblogue

ADQ, le choix

Ce que le premier débat des aspirants à la direction de l’ADQ aura permis de faire, c’est avant tout de mettre la course à la chefferie (pour la première fois!) réellement à l’avant-plan de l’actualité. On sent enfin que quelque chose bouge de ce côté. Il aura également pu détourner l’attention médiatique des propositions des jeunes adéquistes. On pourra peut-être dire que les jeunes libéraux sont parfois radicaux, mais je me sens beaucoup plus à l’aise en leur sein que je ne le serais avec les adéquistes!

Éric Caire a été “proclamé” vainqueur du débat. Comme souvent, on semble considérer le candidat le plus bruyant et aggressif comme le vainqueur de l’affrontement (rappelez-vous Pauline Marois avec ses “Monsieur Bureau!” incessants dont on avait loué la performance). Alors que Caire me donnait l’impression d’être un homme posé et rationnel, c’est plutôt une image de politicien un peu hargneux et impoli qui transpire du compte-rendu des débats dans les médias. Toutefois, il y a une chose que je ne puis nier: Éric Caire est un fin stratège.

Jusqu’à présent, il était possible de supposer raisonnablement que les deux adversaires principaux seraient M. Caire et Gilles Taillon, le premier parce qu’il est toujours à l’avant-scène depuis la démission de Mario Dumont et le second en tant que député le mieux connu après l’ancien chef de 2007 à 2008. En s’attaquant d’abord et avant tout à Christian Lévesque, Éric Caire a réussi à détourner toute l’attention médiatique vers un opposant moins important que Gilles Taillon. Ce dernier a été éclipsé et il n’a pu se reprendre qu’en lançant son programme peu après. Quant à Jean-François Plante, il n’est pas un adversaire dangereux ni même intéressant pour Éric Caire. Bref, en s’attaquant au troisième joueur, Caire jette de l’ombre sur le second et crée une fausse opposition principale avec un candidat ayant moins de chances de l’emporter.

Je remarque également que l’ADQ semble au final avoir remarquablement le choix entre quatre orientations distinctes. En choisissant son chef, elle aura donc tout le loisir de décider le genre de programme qu’elle veut défendre sur la place publique. Jean-François Plante se présente comme un ”extrémiste” chez les adéquistes, en proposant des idées beaucoup plus poussées que ses adversaires. Il sera par le fait même marginalisé: on le voit déjà avait le malaise que cause sa candidature. Éric Caire est un radical, un peu moins à droite que Plante, mais plus que ce que l’ADQ a été jusqu’ici. Son discours correspond à un déplacement vers la droite des propositions adéquistes. Gilles Taillon est le candidat puriste, qui souhaite relancer le programme défendu par Mario Dumont en 2007. Pas de gros changements à l’horizon avec lui, donc. Enfin, Lévesque semble être le modéré du groupe, qui tente de ramener les positions de l’ADQ vers le centre.

De mon côté, spontanément, je dirais que c’est avec Lévesque que je serais le plus en accord. Je voterais toutefois Taillon, car j’aime son style posé, rationnel et bien structuré, bien que moins flamboyant. Enfin, je pense bien que c’est Caire qui l’emportera s’il continue de cette façon.

Dernière impression de mon côté: on dirait qu’à part chez Taillon, dans une certaine mesure, l’ADQ ne dispose plus vraiment d’une base intellectuelle et philosophique, ce qui était pourtant le cas autrefois. Le débat entre Messieurs Caire et Lévesque laisse transparaître une sorte de droite simpliste et populiste, qui ne fait pas dans la nuance et se rapproche de l’approche républicaine actuelle. Pourtant, la droite est en mesure de produire un contenu idéoligique satisfaisant et bien intégré, avec des penseurs nombreux et articulés. L’ADQ sera-t-elle en mesure de se redonner une assise intellectuelle solide qui va au-delà des envolées oratoires sur des propositions flamboyantes, mais manquant de profondeur?

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