Adapté d'un best seller de Jeff Lindsay, Dexter est sans doute l'une des séries les plus percutantes du moment. Retour sur la saison 1.
Son nom, Dexter Morgan. Sa profession, expert en sang rattaché à la section criminelle de Miami. Sa particularité, et non des moindres, ce charmant trentenaire calme et posé est en fait l'un des pires serial killers qui sévient actuellement. Posé dès le premier épisode, ce postulat original donne vie à une série particulièrement poignante et intéressante. Porté par la prestation de l'excellent Michael C.Hall, Dexter - saison 1 réussit à s'emparer du spectateur en quelques secondes.
L'appréhension psychologique de son protagoniste se révèle très subtile. En lui octroyant la narration de la série, on découvre que Dexter est bien plus complexe que le simple Dr Jeckyl/Mr Hyde qu'il laisse entrevoir au début de la saison. C'est bien un monstre, il en est conscient, il tue pour assouvir une pulsion, non pas pour faire souffrir mais par nécessité. Choqué à vie par la mort attroce de sa mère, il ne ressent aucun sentiment, aucun amour. Alors il doit prétendre à chaque seconde d'être normal. Un jeu exténuant, à l'écouter. Car Dexter est avant tout une série sur les masques. Derrière un citoyen lambda peut se cacher le pire des monstres. On retrouve par là-même quelques idées partagées par Desperate Housewives qui, elle aussi, montre ce qu'il y a "derrière les portails blancs" et qui n'est pas beau à voir.
La saison nous dévoile peu à peu le passé de Dexter pour nous amener à savoir pourquoi il est devenu ce qu'il est. Ce parcours intérieur se fait en grande partie grâce au Big Bad de la saison surnommé "The ice-truck killer" (le tueur du camion réfrigérant), qui devient une sorte de miroir de Dexter qui semble le connaître et qui joue avec lui. Et finalement, Dexter se complait dans cette guerre psychologique que lui fait ce serial killer avec qui il sent une vraie connexion, assez morbide soit. On pourrait presque parler d'une connivence. Les deux monstres semblent se comprendre à la perfection, ce qui fait que dès lors que "The ice-truck killer" ne tue plus, Dexter semble triste.
Mais alors finalement, qu'est-ce qui distingue Dexter de son ennemi ? Pourquoi se surprend t-on à l'apprécier et à compatir ? Tout simplement parce que Dexter, lui, ne tue que les tueurs, les criminels les plus horribles. Il apparaît alors comme un justicier, protégeant la cîté des pires maux, et rend presque acceptable son sadisme et ses actes hautement condamnables. On pourrait y voir une réflexion sur la peine de mort, un procédé qu'une majorité condamne ouvertement mais qui reste quand même une réponse problématique à certains agissements, notamment pour les meurtriers récidivistes. La série s'amuse même, lors de l'épilogue, à présenter le fantasme de Dexter : être reconnu pour l'utilité de ses meurtres qui ont contribué à faire un monde meilleur. Il se retrouve sur un tapis rouge, ovationné par le public, sous une pluie de confettis. Un grand moment.
Cette saison 1 est au final une bonne entrée en matière qui présente bon nombre de qualités dont des personnages au caractère bien trempé et un fil narratif assez consistant et intéressant. Néanmoins, ne vous attendez pas à un grand suspense. La révélation de l'identité du Big Bad ne fera que conforter vos pronostics et les deux derniers épisodes, même s'ils présentent quand même quelques surprises, ne brillent pas par leur inventivité. Mais l'intérêt de Dexter semble être ailleurs, dans ce fossé entre sa vision des choses et notre omniscience, dans son rapport problématique avec autrui et bien sûr dans sa double identité. La série se place dès le début dans une optique tragique puisque Dexter l'annonce lui même : "I know my days are numbered". Autrement dit, ses agissements de serial killer seront tôt ou tard découverts. En attendant, les téléspectateurs découvriront la quatrième saison inédite à la rentrée sur Showtime, une saison très attendue par les fans.
Un article dédié Olivier Joyard, un inrockuptible très sympathique.
Dexter - saison 1 : 4/5
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