2009 aura été une année bien noire pour le monde des Arts et des Lettres.
La faucheuse aura ainsi fait une récolte plus qu’honorable, de Bashung à Willy Deville, en passant par Michael Jackson et Gérard Blanc (tu remarqueras que je m’efforce de ne point me montrer trop sectaire, d’accepter l’idée que tous les goûts sont dans la nature et qu’il est par conséquent parfaitement légitime qu’un certain nombre de gens aient continué à se passer en boucle le 45 tours Une autre histoire bien après la fin des années 80).
Et encore, nous ne sommes qu’en août, attendons-nous à quelques mauvaises surprises d’ici le 31 décembre (ou au contraire à quelques bonnes nouvelles, j’ai ouï dire que Johnny, Bigard et Vincent Lagaf étaient relativement fatigués ces derniers temps, une baisse sensible de leurs défenses immunitaires pourrait les amener à contracter la grippe A).
Et puisque nous parlons de mauvaise nouvelle, en voici une qui, j’en suis convaincue, te fera oublier tous les décès précédemment mentionnés (même celui de Bashung, oui), puisqu’on vient d’apprendre la mort de René.
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Ne me regarde pas comme si je venais de te roter bruyamment au visage, je te prie.
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René.
Mais si.
René. LE René, l’artiste à tête de pine au visage bon enfant et au regard bovin si doux, devenu célèbre en tant que saxophoniste d’un groupe francophone mythique qui reléguait à l’époque Téléphone et Noir Désir au niveau de "boys band" insipides, groupe dont les multiples créations musicales (La fête au village, la Merguez Party et bien d’autres chefs-d’oeuvre) ont fortement contribué au rayonnement international de la musique hexagonale, baptisé Les Musclés.
Ca y est?
Tu remets René?
Avoue qu’ayant grandi dans les années 80 et ayant, de gré ou de force, subi les pérégrinations de Dorothée et de son Club de cocaïnomanes dépressifs sur TF1, tu t’es longtemps demandé si René et ses congénères bêlants étaient réellement pourvus d’un cerveau en bonne et due forme, tant leurs pathétiques braiements et leurs affligeantes productions télévisuelles laissaient penser que, tout comme la consternante équipe de Cocoboy, ils avaient eu le malheur de venir au monde dotés d’un simple tronc cérébral ne menant qu’à un artichaut Prince de Bretagne quelque peu moisi tenant lieu d’organe de la pensée.
Eh bien je suis ravie (et fière, je dois l’avouer) de t’annoncer, lecteur, que tu faisais (tout comme moi) fausse route.
René disposait d’un encéphale tout ce qu’il y a de plus normal et fonctionnel.
C’est d’ailleurs cet organe qui a fini par lui coûter la vie, puisque notre bon René est décédé d’une rupture d’anévrisme (ce qui, d’ailleurs, devrait tenir lieu d’avertissement à tous les anciens de chez Dorothée, si l’envie leur prenait un jour d’ouvrir un livre ne comportant pas que des images: gare à la surchauffe, camarades).
Je ne résiste pas au plaisir de te rafraîchir la mémoire, cher lecteur, et en guise de conclusion, laisse-moi te proposer ce monument de la culture populaire française (celle que le monde entier nous envie et dont les plus glorieux exemples se nomment Joséphine ange-gardien, L‘amour est dans le pré, Intervilles ou encore Navarro).
Tu me permettras également de m’associer à la douleur de TF1, AB Productions, l’UMP, Chasse-Pêche-Nature-Tradition, Pit et Rik, la Fédération Internationale de Football Association, Pernod Ricard, Endemol, Jacques Séguéla et plus généralement, de tous les loueurs de temps de cerveau disponible. Je partage aujourd’hui leur peine immense et compatis à leur terrible manque à gagner.