C'est devenu une antienne, prononcée par tous ceux qui ont eu la chance de connaître "le Parc" au siècle dernier. Plus précisément avant 1998, date à laquelle le XV de France et les finalistes du championnat de France de première division émigrèrent dans une enceinte plus vaste, mais trop large, trop froide, qui sonne creux même lorsque les supporters y mettent la meilleure volonté. Ce refrain, bien connu, est le suivant : "C'était mieux du temps du Parc des Princes".
Pour les amateurs de rugby, le Parc est le symbole d'une ovalie qui n'existe plus tout à fait, celle d'un temps où "on montait à Paris" par le train qui arrivait à la gare d'Austerlitz, et où l'on pouvait savourer une troisième mi-temps sans avoir à transhumer par un RER aussi agréable à prendre qu'un plaquage de Serge Besten. Bref, le Parc, c'était d'abord un état d'esprit et une ambiance incomparable.
Fondé en 1897, le Parc des Princes est d'abord un stade vélodrome. Mais il accueille rapidement des matches de football et de rugby. C'est dans ce lieu que se disputa la fameuse rencontre opposant le XV de France aux All Blacks, le 1er janvier 1906, véritable acte fondateur de notre équipe nationale.
Mais dès 1920, le Parc est concurrencé par le Stade de Colombes, où l'équipe de France disputera la quasi-totalité de ses matches jusqu'en 1972.
A cette date, le Parc des Princes, qui a été entièrement reconstruit sous la férule de l'architecte Roger Taillibert, devient LE stade de rugby du XV de France. De 1972 à 1997, les coqs y disputent 51 matches du Tournoi des cinq nations et 14 Test matches. On retiendra notamment la rencontre face aux Lions Britanniques, qui firent ici une exception au principe selon lequel ils ne jouent que contre leurs anciens Dominions. On notera d'ailleurs que ce match n'a pas été considéré comme un Test par les Britanniques... Lors de cette partie, disputée en 1989, les Français s'inclinèrent 27-29 au terme d'un match splendide, marqué de la patte de Serge Blanco.
A partir de 1974, la Fédération française décide d'y organiser également les finales du championnat de France, jusque là disputées dans différents stades de l'hexagone. Avec huit Brennus, l'AS Béziers est l'équipe la plus titrée sur cette pelouse, suivie de très près par le Stade Toulousain (7 victoires, dont la dernière finale disputée au Parc, contre le CS Bourgoin-Jallieu).
Le XV de France a connu au Parc des Princes un "baisser de rideau" tragique du 22 novembre 1997. Ce jour là, XV coq en galère subirent une correction magistrale de la part des Springboks (10-52), quelques mois seulement après y avoir scellé leur 5ème Grand Chelem en Tournoi des cinq nations face aux Ecossais. De cette déroute est, paradoxalement, issu le renouveau d'une équipe qui, emmenée par Raphaël Ibanez, connaîtra les joies d'un nouveau grand Chelem, au Stade de France cette fois, puis une finale de Coupe du Monde en 1999.
L'équipe de France a vécu un retour douloureux dans cette enceinte, où elle disputa le match pour la 3ème place de la Coupe du Monde 2007 face à l'Argentine. Dans un Parc tristounet, le XV de France s'inclina pour la deuxième fois contre des Pumas au sommet de leur "art" (roublardise incluse).
Depuis l'avénement du Stade de France et en dehors de la Coupe du Monde qui a mobilisé ses importantes capacités (49000 places), le Parc des Princes n'accueille plus de rencontres de rugby opposant des équipes nationales. En revanche, le Stade Français, sous la houlette de son président Max Guazzini, y a disputé plusieurs matches de Coupe d'Europe ou de Championnat.
On se souvient notamment d'un somptueux Stade Français - Toulouse en 2005. Malheureusement pour les amoureux du ballon ovale, le club résident du Parc, le PSG, n'est pas disposé à prêter son jouet.
C'est dommage, car la sonorité particulière de cette enceinte en forme de conque, la proximité qu'elle offre aux spectateurs (jamais éloignés de plus de 45 mètres de la ligne de touche, contre près du double pour le Stade de France), la localisation du stade dans Paris et, évidemment, son histoire, en font un lieu magique pour le rugby.