Autant Perfect
Blue pouvait nous faire penser parfois à un film de Brian De Palma, autant avec ce nouvel opus on perçoit une vision
très cinéphilique dans la mise en scène de Satoshi Kon. Loin des effets spéciaux courants dans l'animation japonaise classique, les films de
Satoshi Kon se construise avec des artefacts digne du cinéma d'acteurs. Il donnent une ampleur et une dimension très humaine à ses personnages de
papier.
Millennium Actress prolonge en quelque sorte le propos du précédent film en abordant aussi le monde du spectacle. Deux journalistes de télévision se rendent chez une
vieille dame pour un interview. Ex-grande vedette de cinéma, vivant aujourd'hui loin des feux de la rampe médiatique, la vieille femme évoque alors son parcours. Le réalisateur lui remet une
petite boite contenant une clé. Cette dernière va nous ouvrir les portes de plusieurs histoires. Celle, avec un grand H, de l'Histoire du Japon au XX° siècle et celle plus intime du destin
professionnel et privée de l'actrice qu'elle fut. Cette clé ayant appartenu à un fugitif recèle bien des mystères. Cet homme rencontré pendant son adolescence, dans un Japon en trouble, fut
aimé par la jeune femme. Elle le poursuivra toute sa vie après cette unique et brève rencontre.
Les deux journalistes vont suivrent - physiquement - la vieille femme dans ses évocations.
Millennium Actress est une admirable fable sur la destinée. Mêlant adroitement mélodrame et fresque historique, en instillant une pointe de fantastique,
Satoshi Kon nous offre un film d'animation époustouflant et chaleureux. Point de violence, dans cet opus, mais sa construction le destine à un public
aguerri (adolescence). Satoshi Kon nous entraîne dans une histoire du Japon et de son cinéma, en utilisant des procédés cinématographiques (flash
back, montage) sans pour autant avoir recours aux multiples possibilités spécifiques à l’animation.
Ses deux premiers films sont riches et inventifs, ambitieux et réussis. Ils évoquent autant des parcours individuels que des sujets de société, en abordant notamment de façon critique la société
du spectacle. Confusions des sens et des sentiments s'affirment comme une signature du réalisateur.
Un billet sur Asiepassion. le site du
film.
Millennium Actress
Satoshi Kon, Dreamworks, Japon, 1h27 - 2001.