La “liberté d’entreprendre” n’a rien d’incompatible du tout avec le socialisme à condition que l’on se mette bien d’accord sur tout ce qui se cache derrière cette affirmation passe partout et sans insister plus qu’il ne le faut sur ce fameux “sel de la vie” qu’il serait à mon avis bien difficile de définir plus précisément (et pour cause).
Sommes-nous si sûr que la liberté d’entreprendre des études, d’entreprendre des recherches fondamentales (par définition rentables à long terme), d’entreprendre tout simplement de s’installer en tant que petit artisan ou petit commerçant, soit tellement facile de nos jours ?
Mais je joue les faux naïfs et je sais très bien de quelle “liberté” on veut nous entretenir.
Certes, cette “liberté” là, qui fut d’ailleurs la première revendication des révolutionnaires de 89, a pu représenter un progrès que je ne nie pas et les “républicains bourgeois” du temps, en la conquérant par la force, face à un pouvoir absolu et héréditaire n’ont pas peu contribué à l’évolution de la société.
Quand même, force est de constater que cette liberté d’alors est devenue au fil des ans surtout la liberté d’exploiter le travail des autres, le plus souvent par voie de transmission héréditaire et sans avoir (ou presque), de compte à rendre à personne, si l’on excepte les “conseils d’administration”.
Cette injustice à elle seule suffirait à faire condamner le système qui l’a provoquée, mais ce n’est pas tout.
La “liberté d’entreprendre”, autrement dit le capitalisme, appelons les “choses” par le nom qui leur va le mieux, c’est aussi la liberté de piller les ressources naturelles, d’asservir le tiers monde, d’engager des guerres préventives, j’en passe et des plus vertes encore.
Mais, me répondrez vous sans doute (j’ai l’habitude), “c’est dans la nature humaine d’être égoïstement individualiste”.
Au delà du fait que la “nature humaine“, c’est comme le “sel de la vie”, une idée venue de nulle part et ne s’appuyant sur rien de scientifique ou de démontrable, je note au passage le bel hommage du vice à la vertu que font ceux qui s’emparent de ce genre d’argument.
Ainsi donc, le “socialisme” (le vrai), qui sera tout le contraire du “capitalisme” ou ne sera pas, ne reposerait en définitive que sur le fait qu’il refuse la “nature humaine” et tout ce qui va avec ? En tant que partisan du “socialisme”, j’accepte le compliment et j’assume tout à fait la part d’utopie qu’il sous entend : seul les utopistes font avancer les choses, ceux de 89, comme ceux d’aujourd’hui (et surtout de demain).
Il n’existe selon moi pas plus de “socialisme radical”, ou “moderne”, ou “à visage humain”, que le beurre ne pousse sur les branches. Le “socialisme” (point final), même s’il reste largement à inventer, devra en tout cas satisfaire à certains fondamentaux qui sont tout à fait incompatibles avec le “libéralisme”, faute de quoi, il ne sera qu’une illusion de socialisme et au bout du compte, une escroquerie.
Cordialement
Makhno