OrthoFaso et Solidarité Faso Bégaiement

De jeunes orthophonistes se bougent pour améliorer la condition des personnes bègues du Burkina Faso. Deux associations montpelliéraines ont été montés : d’abord OrthoFaso, active depuis 2006, fondée par 5 étudiantes de l’école d’Orthophonie de la Faculté de Médecine de Montpellier, et Solidarité Faso Bégaiement, active depuis 2007, qui associe 3 orthophonistes et un groupe de 7 adolescents bègues de Montpellier.

La situation des personnes bègues au Burkina Faso est autrement plus difficile qu’en France. La vision qu’ont les Africains du bégaiement est empreinte d’animisme. Le bégaiement est œuvre de sorcellerie, résultat d’une transgression ou de la colère d’une divinité offensée. Il est objet de superstitions. La personne bègue est considérée comme maudite et elle peut être exclue de sa communauté. Le bégaiement y est souvent vécu comme une fatalité. La plupart du temps, rien n’est entrepris pour venir en aide à ces personnes bègues. Généralement, les familles font appel au folklore traditionnelle qui constitue la première offre ” thérapeutique ” à laquelle la personne bègue est confrontée. Il s’agit de menace de l’enfant qui bégaie, de coupure du frein de la langue, d’accolement d’un métal chaud sur les lèvres de l’enfant, ou encore d’absorption de bouillie de crottes et de nids de chouettes. La médecine traditionnelle est un recours thérapeutique très répandu. Certains guérisseurs proposent des breuvages et mixtures à base de plantes. Cependant, peu de bègues affirment y avoir recouru. Le système sanitaire burkinabé manquant de moyens et de professionnels, accorde peu de place au bégaiement. Au Burkina Faso, officiellement, la prise en charge du bégaiement relève du service ORL, non spécialiste du bégaiement. Il n’y a que 5 médecins ORL dans le pays, exerçant tous à Ouagadougou et il n’y a qu’une orthophonistes.L’association Action Contre le Bégaiement (ACB) fondée par le Docteur Moussa Dao en 2002 tente de dynamiser la prise de conscience au Burkina.

Marion Belot, Axelle Carquet Moreau, Alix Martin, Chloé Richaud et Sophie Vannier, toutes les 5 orthophonistes, ont fondés OrthoFaso. L’équipe est partie sur le terrain en 2007 pour venir en soutien des personnes bègues du Burkina mais aussi des personnes souffrant de surdité. L’idée a tenté 9 étudiantes en orthophonie de Montpellier qui sont elles parties en 2008. Une troisième équipe comptant 12 membres est déjà formée pour partir au Burkina en 2009.

Chloé Richaud, déjà membre fondateur d’OrthoFaso, a fondé Solidarité Faso Bégaiement avec Cécilia Stein et Jacqueline Bru et 7 adolescents bègues qu’elles suivent en rééducation de groupe. L’objectif principal est de développer les échanges de techniques pour améliorer la fluidité de la parole entre jeunes bègues burkinabés et français. 2 orthophonistes sont parties au Burkina à la Toussaint 2008 pour préparer le projet, et depuis, grâce à Internet, des échanges entre jeunes des 2 pays ont lieu tous les mois et l’association projette de se rendre au complet au Burkina à la Toussaint 2009.

J’admire ces deux initiatives qui démontrent une belle solidarité ! De ces projets naissent des liens entre les 2 pays et la démystification du bégaiement gagne du terrain en Afrique mais aussi en France. Les voyages d’orthos au Burkina ont aidé à la création de groupe de self-help sur place et des ateliers thérapeutiques ont donné des pistes à des personnes bègues pour mieux vivre leur bégaiement.

Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à visiter les sites suivants :

• OrthoFaso.ifrance.com, le site de l’association OrthoFaso,
• Beggueule.skyrock.com, le blog des adolescents bègues de l’association Solidarité Faso Bégaiement.