Jouets pour filles

Je voudrais me prosterner aux pieds de certains concepteurs de jouets pour gamins.

Pas tous évidemment, il y en a bien quelques uns auxquels je foutrais bien une mandale ou deux. Notamment ceux qui se sentent obligés de fabriquer des jeux qui nous pètent les oreilles et les nerfs, par voie de conséquence. Car oui, la colère peut être générée par des sons répétitifs, à forte moyenne de décibels et à la fréquence plus qu’irritable. Bref, ceux-là, je les conchie. Je mets dans le même panier tous les jeux à touches musicales, pouet pouet douteux, père-Noël beuglant leur « I wish you a merry christmas », qui finit en général, la pile hors de son cul, insulté, voire même parfois, en position verticale, ou encore les cartes d’anniversaire chantant « Une souris verte » et qui ne se trouvent jamais vidées de leur énergie pour un stress garanti. Allez savoir pourquoi il se trouve que c’est ma belle-mère ou ma tante qui immanquablement me font ce genre de cadeau. Il doit y avoir là un message.

Mais cela est hors de propos. Puisque je l’ai dit, ce billet aujourd’hui se veut un message qui fleure bon l’  « Alleluïa » du jouet, le « Te Deum » de la chambre de gosses…

Je parle des jeux intelligents. Des jeux minutieux. Des jeux pour gonzesses pas plus hautes que trois pommes mais qui se trouvent hypnotisées par le monde qui s’ouvre à elles. Des heures passées dans le calme. On passe évidemment sur les disputes générées par le fait que sur un ensemble d’environ 500 pièces disponibles, elles reluquent la même, à la même seconde, si c’est pas balo ! Donc, bref ! Atténuons l’enthousiasme. Ce sont des jeux relativement calmes. Disons que cela leur permet de rester zen durant plus de 3 minutes et demi. Toi, primipare ou multipare, me comprendra sur l’étendue du bonheur qu’induit un répit de plus de 3 minutes et demi…

La liste que je vais faire, non exhaustive, va vous faire part des jeux absolument GENIAUX.

Soit c’est une femme qui les a conçus et là je suis prête à être franchement gourouisée, à former une secte à sa gloire et à vider mes poches pour qu’elle vive dans la soie, pendant que mes oreilles jouissent du calme qu’elle a su, toute seule, engendrer chez ma progéniture.

Soit c’est un mec, et là je n’miserais pas cher sur sa peau, je suppose que c’est un connard de machiste qui veut déjà inculquer les bases de la division hommes/femmes, et là, je le conchie ! Macho !

I - Les Polly Pocket

 

1) Ce jeu c’est classe mannequin version mini-poupées en plastique. Comme le plastique, on le sait, c’est fantastique, ben c’est top quoi… Pas de tissu casse-bonbons qui s’entortille autour des bras et jambes démesurément longs des barbies, qui, comble de l’horreur, sont conçues désormais avec un melon totalement disproportionné. Façon, je suis la plus belle et j’ai la grosse tête. C’est pour ça, forcément, que toutes les ados jouent aux pétasses, c’est orchestré dès leur plus jeune âge… Chaque boîte que tu achètes contient une petite poupée toute jolie en plastique, maquillée, avec des beaux cheveux à paillettes, des tenues diverses et variées, des chaussures de toute facture (mules, bottes, escarpins, tongs, charentaises (ah, non, curieusement, le chausson n’existe pas ! Toutes des pétasses, j’ai dit  !!!), une table de maquillage, des poufs pour s’asseoir, enfin pour celle qui a les genoux bien conçus, l’autre elle reste debout et elle moule sa caisse (en gros), le petit toutou ou la petite tortue avec la robe qui va bien aussi parce que la classe on l’a ou on l’a pas !

2) Un seul souci : ça prépare dès leur plus jeune âge les petites filles au syndrome qu’elles connaîtront plus tard, à savoir se planter devant son armoire qui déborde de fringues et ne jamais savoir quoi se mettre ! L’horreur totale. Et ça rentre dans le ciboulot de nos gamins, à peine 3 ans passés. Quelle misère !

3) Jouissif pour les oreilles. Enfin à peu près. Parce qu'évidemment les trucs sont tellement mini de chez mini que ta progéniture avec ses petits doigts pas encore parfaitement synchrones a immanquablement besoin de toi pour tout assembler. « Maman, tu peux m’aider, j’arrive pas à lui mettre les chaussures », « Maman, j’arrive pas à l’asseoir » « Normal, ma chérie, celle-là, elle ne s’assoit pas, elle reste debout et elle moule sa caisse ». Ta fille te regarde avec des mirettes grandes comme ça puis ajoute « c’est quoi « moulsacaisse » ? ». Et là, manque de bol, ça devient l’enfer, mais pour une autre raison…

II - les Playmobil

1) Enfin un jeu de garçon qui a été décliné pour les filles. C’est un mec qui l’a conçu c’est sûr et certain. D’un côté je le hais, mais de l’autre, je le remercie grandement.

D’abord, pour s’amuser auxdits playmobil on n’a plus besoin d’être experte en cavaliers, pirates, bûcherons, ou ingénieur des ponts et chaussée. On peut enfin jouer aux princesses, princes, contes de fées, femmes de ménages, nounous ou mamans poules (biberon, pot, berceau, porte-bébé, chaise-haute et j’en passe !). Avoue qu’il y a une sacrée révolution dans le jouet ! Il faut bien qu’une fille se prépare à sa future condition dès son plus jeune âge (on n’est jamais trop préparé à ses désillusions). Il existe même la secrétaire, enfin à mon avis c’est plutôt le chef d’entreprise, l’égalité homme/femme n’étant toujours pas probante dans notre société. Avoir une armoire avec classeurs, dossiers et autres est davantage lié au statut de chef d’entreprise qu’à la bête secrétaire, qui de toute façon, dixit ma grande, ne fait que de « l’ordinateur », pour cela, j’imagine que c’est le papa pendant les vacances qui lui a expliqué en quoi consistait mon job, et comme il est du genre à aller à l’essentiel sans s’embarrasser du détail… Bref… Je digresse.

2) Le problème, et il est de taille, c’est que tout est en pièces détachées et pour les foutre ensemble, il faut en gros une force d’adulte… Bref… L’idée était pas mal, c’est balo !!! Ca faiche ! Parce que le môme il te pompe l’air à t’appeler toutes les 3 minutes pour lui coller deux trucs ensemble ! Mais bon, on les aime, nos loulous, surtout quand ils jouent calmement ! C’est pas comme si on devait faire à bouffer, des machines de linge sâle ou un peu de rangement ! Le mec qui a conçu ça devait penser qu’on n’avait rien à branler d’autre qu’à aider notre marmaille à s’amuser (faudra que je songe à demander au père des filles s’il n’y est pas pour quelque chose… ou mon chef, tiens !)…

III – Les Légo

1) Là aussi, Légo new génération, décliné en rose bonbon. Pour filles. Avec voiture de fille. En pièces détachées, histoire de vérifier nos compétences en la matière ! Encore un macho… Ah ! Le con ! Et puis plein de tous petits objets (verres, fleurs (beaucoup de fleurs, le mec a dû lire « le Portrait de Dorian Gray »))…

 

2) Mes filles ayant remarqué qu’il n’y avait rien de pré-monté, ont juste regardé la boîte sans l’ouvrir. Je les soupçonne d’avoir hérité de mon gêne de faignasse, si c’est pas balo…

Bref, donc un de ces 4 va falloir que je m’attèle une aprèm à jouer avec elles. D’abord parce que des jouets que je n’ai pas tâtés moi-même plus jeune, ça m’intéresse. Et puis, sans moi, elles s’amusent ‘achement moins bien. Elles ont dû deviner que ces jouets-là, en fait ils étaient pour les mamans… Le concepteur de jouet est un homme balaise. Il s’est dit « que pourrais-je concevoir pour avoir la paix pendant un match de foot ? Des jouets de garçons déclinés en filles environ 20 ans après ! Bonnard, vive la bière, le foot et les gosses ! »

Je vous le dis, l’égalité hommes/femmes c’est pas pour tout de suite !!!!