Noelle MACK
Cadre de rêve, soleil et repos... les conditions étaient idéales pour me lancer dans le fameux Challenge Harlequinades 2009 dont je vous avais parlé avant mon départ...
.
Dés le début des vacances, je me réjouissais déjà de me plonger dans les aventures de ce Lord Edward qui me faisait presque rêver. En effet, je ne vous en ai pas encore parlé ici, mais j'ai passé 10 jours frénétiques avec le bel Edward le vampire en juillet, dévorant nuits et jours cette fameuse série Twilight dont je lisais chez vous tous (euh, vous toutes, plutôt !) les éloges, et juste avant d'entamer ma lecture Harlequinesque, je me suis enfin plongée (avec délices) dans Raison et Sentiments (oui, oui, je sais, mes lacunes sont impardonnables, parfois !) où j'ai pu découvrir le fameux Edward Ferrars...
Donc, me voici, au bord de la piscine, heureuse de me pâmer bientôt moi aussi dans les bras musclés et bronzés (et très probablement épilés) de ce cher Edward dont j'attends... hum... beaucoup de plaisir...
Les amis qui partagent nos vacances me charrient un peu, et même carrément lorsqu'ils ouvrent le livre et en lisent certains passages. Pauvre de moi, il semblerait que je me sois fait avoir ! Ce n'est pas un Harlequin que j'ai choisi, mais un livre très très osé, coquin tendance cochon, et d'un goût plus que douteux. Il parait que j'aurais dû m'en douter au vu du titre, mais moi, innocente comme une jeune vierge de 15 ans (sauf que dans ce roman, à 15 ans, les demoiselles ne sont plus vierges depuis longtemps), je ne me suis douté de rien, m'attendant juste à une historiette un peu coquine, gentillette, qui éventuellement aurait pu pimenter mes ébats conjugaux et donner un souffle de jeunesse à notre couple ranplanplan au bout de 12 ans de mariage... (ben, oui, quoi, ça peut servir à ça aussi, les lectures harlequines !).
Bref, j'ouvre le livre, sous l'oeil goguenard des amis, qui scrutent ma mine, et se marrent...
Nous sommes en 1817 et Lord Edward, vieillissant, revient en pensée sur sa jeunesse et sur ses amours ou aventures. Il trie des papiers dans le but de les jeter, mais ne peut s'y résoudre pour l'instant et relit certaines lettres d'anciennes maîtresses aimées, des nouvelles écrites par lui ou elles, des notes... Les souvenirs affluent, les émotions remontent à la surface, le passé revient au galop le hanter et il nous fait partager ses aventures passées en analysant, recul aidant, ce qui lui est arrivé.
La belle Xaviera ("Elle était d'une beauté rare, presque orientale, et son corps, même enveloppé dans sa robe, révélait beaucoup de grâce") dont il a été très amoureux a pimenté pendant plusieurs mois ses jours et ses nuits, par leurs rencontres mais également par ses écrits. Un petit meuble en acajou, dans un hôtel particulier mis à la disposition de Lord Edward par un ami pour leurs ébats, servait de réceptacle à leurs lettres et aux textes érotiques qu'ils s'écrivaient ("Xaviera avait toujours aimé les contes et les fabliaux érotiques. Elle adora ceux que j'écrivis à sa demande. Elle en lisait en m'attendant, aussi était-elle échauffée et impatiente d'être caressée quand je la rejoignais enfin."), augmentant ainsi le désir de chacun entre leurs rendez-vous qui devaient rester discrets, la belle étant par malheur mariée à une vieil espagnol jaloux...
La non moins belle Anne ("Ses yeux avaient la couleur du ciel le plus pur et ses cheveux brillaient comme l'or. ... On eut dit une apparition, un rayon de lumière irisé." ... "Ses yeux bleus étaient si clairs qu'ils auraient pu être ceux d'une pucelle.") soeur d'un ami d'enfance, revient également hanter les souvenirs de notre Lord décidément bien nostalgique de sa vie passée. Cette femme au parcours plutôt hallucinant n'a jamais quitté son coeur, peut-être parce qu'elle fût sa première amante, son initiatrice ("Elle commença mon éducation au premier coup de minuit, et j'en appris davantage avec elle en six heures de temps qu'en six ans au bordel."), peut-être aussi parce qu'il la retrouva des années plus tard dans des circonstances tout à fait inattendues et particulières.
Il y eut également de nombreuses soubrettes, jeunes filles peu farouches ou intéressées. Si ces demoiselles n'ont pas su faire battre le coeur d'Edward, leur souvenir reste néanmoins agréable, en ses vieux jours où il est devenu plus "raisonnable".
La première partie du roman m'a parue plutôt fastidieuse, tant les ébats amoureux des amants sont décrits de façon explicite, avec un langage cru et direct digne d'un bon vieux SAS (mais sans l'intrigue). Tant qu'à lire de la littérature érotique, mieux vaut se plonger dans Les exploits d'un jeune Dom Juan ou Les onze mille verges de Guillaume Appolinaire ! L'écriture y est au moins talentueuse et l'humour affleure malgré la crudité langagière, mais n'est pas Appolinaire qui veut !
La seconde partie des aventures d'Edward m'a cependant paru plus intéressante (ou bien me suis-je habituée au style de l'auteur et y ai-je pris goût ?). En effet, le destin de ces deux femmes aimées est pour le moins original ("Dans la vie de Xaviera, le mélodrame avait tout à coup cédé la place au roman d'aventures et ça n'était pas moins intéressant.") et on se prend à vouloir connaître la fin de l'histoire... Presque du suspense, donc... en tout cas un dénouement auquel on ne s'attend pas le moins du monde. Edward ne retire malheureusement pas de leçon ni de morale de sa vie trépidante de jeune homme, ce qui est extrêmement dommage, à croire qu'il ne s'est pas rendu compte de la chance qui lui a été donnée de plaire ainsi à des femmes aussi exceptionnelles par leur don en amour et par leur liberté de penser et d'agir. Ce sont donc les femmes qui nous font la leçon dans ce roman, femmes qui, bien qu'Edward ne veuille parfois les réduire qu'à des outils de plaisir, mènent leur vie avec bien plus de rigueur et de caractère que cet homme un peu falot, veule et prétentieux qui lui, se laisse mener par le bout de sa q***. (j'utilise volontairement des astérisques, de peur de voir tout un lectorat non souhaité débouler sur ces pages, attiré par cet article...) - (vous remarquerez à quel point j'ai pu être frustrée par cette lecture, malgré les passages "croustillants" qui ont raffermi mon éducation sur les choses de la vie : mon Edward n'était ni grand, ni beau, ni brun, ni ténébreux... si ce n'est la description succinte en 3 mots ci-dessous. Je n'ai pas vu son torse puissant, ses muscles saillants, sa pilosité époustouflante, ses jambes galbées... que nenni, rien de tout cela ! Tout ce que je sais de son anatomie tourne autour de son ... engin...).
Je vous livre quelques extraits choisis avec soin, afin d'illustrer les grands thèmes éternels que l'on pourrait à loisir retrouver dans de nombreuses lectures, et pas seulement dans nos choix harlequinesques de cet été 2009 (qui restera pour moi mémorable, à plus d'un titre).
De la duplicité féminine (et de la crédulité masculine).
"Elle avait un air sage et réservé que j'attribuai à son jeune âge et à la stricte discipline du couvent dans lequel elle avait sans doute été éduquée, selon la coutume de son pays. Promptement mariée, elle n'avait pas eu le temps de s'habituer aux hommages des hommes." Si vous lisez la suite du roman et découvrez sous son vrai jour la belle Xaviera, vous constaterez que cette description est plutôt aux antipodes du personnage !
De la vantardise masculine.
"Dans le domaine de l'amour, je me considère comme favorisé par la chance, même s'il s'est trouvé des femmes pour me dire - je répète leurs propres termes et, s'ils sont excessifs, ce n'est pas de mon fait - que j'étais si grand, si beau, si bien fait, etc..., qu'il y avait de quoi se pâmer. De viles flatteries, rien de plus. Certaines femmes ont besoin de prétextes pour céder, et si ma mine ne leur déplaît pas, tant mieux."
"Ma chère Xaviera avait toutes les qualités à mes yeux : effrontée, impudique, insatiable... Elle demandait bien plus que ne pouvait fournir un homme ordinaire. Est-ce de la vantardise si je dis que je ne la déçus jamais ?"
De la profondeur des relations.
"Quand à moi, je n'accorde pas tant de valeur que ça à l'apparence. L'intelligence m'attire autant que la beauté. je trouve qu'un esprit vif vaut bien un beau sein."
De l'importance d'une vraie relation, basée sur l'échange, la confiance et la communication.
"Mais je ne passais pas tout mon temps avec mon *** dans son *** ou ma tête entre ses *** ou mon doigt dans son ***. (fill in the blanks). Lorsque nos désirs étaient satisfaits (NB : avec un tel programme, on serait satisfait à moins !!!) et qu'il nous restait du temps, nous allions nous promener et nous parlions de choses et d'autres, comme tous les amants."
De l'importance de la nature. (c'est comme pour les papillons !)
"Pour ma part, je découvris que les choses de l'amour s'apprennent vite, qu'il n'y a qu'à suivre le chemin tracé par la nature."
De la lucidité.
"Je n'avais pas envie de l'épouser, malgré mon amour pour elle. ... je soupçonnais sans doute déjà que les rêves d'amour valent mieux que les froides réalités de la vie conjugale."
"C'est peut-être pour cela que je suis tombé amoureux d'elle, parce que je savais qu'elle ne serait jamais à moi."
De la moralité.
"Après une nuit de folies dans le lit d'Anne, je me sentais moralement obligé de ne plus coucher avec la turbulente Xaviera. Au moins pendant quelques temps."
"Le lendemain matin, je me réveillai avec la gueule de bois et quelques remords. Mais, comme on dit, ce qui est fait est fait. Et puis, une soirée qui commence dans un vide-bouteille et qui s'achève en partie carrée avec deux filles du peuple pas laides et pas farouches - bah, on ne pouvait pas appeler cela de la débauche, pas à Londres, en tout cas !"
De la largesse d'esprit.
"Elle ne voyait pas d'inconvénient à ce que je suive les indications de mon *** lorsqu'il pointait dans la direction d'une autre femme - parfois elle me poussait dans les bras de l'une ou de l'autre pour être un peu tranquille. Mais elle avait besoin de savoir qu'elle était la seule à régner sur mon coeur."
De la tristesse de la fin des amours.
"Voilà : j'ai aimé deux femmes ; ni l'une ni l'autre ne m'a jamais vraiment aimé ; je me retrouve seul. Seul avec mes anciennes amours, dont il ne reste que ces papiers."
Ma fille a adoré la couverture du livre (8 ans 1/2 : "Maman, on dirait un prince et une princesse, je peux lire l'histoire ?"), que j'ai évité de laisser traîner partout afin qu'elle ne tombe pas sur quelques passages scabreux pas tout à fait adaptés à son âge et à ses connaissances pour l'instant restreintes de ces choses-là.
.
Vous pouvez remarquer mon air dubitatif et concentré face à cette lecture pour le moins... originale (et Ô combien instructive) !.
Je viens de découvrir sur le site de J'ai lu que la Collection Passion Intense réunissait effectivement des titres assez suggestifs, laissant penser à moins de sentimentalisme et plus de, comment dire, réalisme, passages à l'acte ? que ce à quoi je m'attendais... je me le tiendrai pour dit ! Mais je suis cependant un peu frustrée et je vais de ce pas me procurer un autre roman de midinette, en faisant un choix plus précis cette fois-ci ! Infirmière en goguette hésitant entre le médecin chef et l'interne, assistante de direction amoureuse de son patron, avocate attirée par son client truand, aventurière suivant son Indi au bout du monde, il me faut du moderne, des histoires auxquelles je puisse m'assimiler et rêver (en toute honnêteté !).
Vous vous seriez douté, vous, en lisant la 4ème de couv, que ce livre serait "spécial" ? "Quand l'amour vous plonge dans un monde de sensualité : Les aventures coquines de lord Edward Londres, 1822. Lord Edward Delamar, un soir de nostalgie, en tête à tête avec une carafe de cognac, repense à ses amours passées. Tout se mêle dans sa mémoire. Les petites servantes effrontées, resplendissantes de jeunesse et de santé. Xaviera Innocencia, la belle et fantasque épouse d'un diplomate espagnol. Les grandes coquettes, les gourgandines, les grisettes. Et puis, il y a Anne Leonard, d'une blondeur diaphane, la première amante, la plus précieuse de toutes, l'inoubliable. Qu'est-elle devenue ? L'a-t-il perdue à jamais ? Et si, par le plus grand des hasards, il venait à la revoir..." (Il faut dire que par crainte de tomber sur une amie au Monop et du coup de fiche en l'air toute la haute estime littéraire que j'ai réussi à construire autour de ma petite personne, j'ai lu un peu vite et en diagonale...).
Afin de ne pas retomber dans de mauvais choix, je me suis empressée ce matin d'aller faire le test proposé par les Editions Harlequin pour trouver LE livre qui me ressemble. Résultats ci-après.
Curieuse et intrépide, vous n’êtes pas du genre à avoir froid aux yeux ni à vous laisser faire... surtout quand il s’agit de trouver l’amour ! Prête à tout, ou presque, vous n’hésitez pas à vous lancer dans la grande aventure des sentiments pour trouver votre moitié. Le chemin sera peut-être semé d’embûches et de rebondissements, mais l’héroïne qui sommeille en vous ira jusqu’au bout, c’est sûr.
déterminée, fougueuse, dynamique, fière, audacieuse, enthousiaste (c'est tout moi, ça)
Black Rose : des histoires palpitantes où passion et suspense s'entremêlent. Confrontés au danger, les personnages vont vivre des sensations fortes qui les rapprocheront inévitablement.
Historiques : de grandes histoires d'amour et de passion à travers l'Histoire. Ces héroïnes aventurières et rebelles se retrouvent au cœur d’intrigues palpitantes, où l’amour est également synonyme d’audace et de sensualité.
... Pas de médecins ni d'hommes d'affaire... il semble que je ne me connaisse pas si bien que cela, après tout.
Morale de cette lecture hautement instructive :
J'avoue ne pas m'être régalée à la lecture du roman, mais j'ai vraiment apprécié l'exercice de style de l'écriture de ce billet. J'ai d'ailleurs pris plus du double de temps à rédiger mes commentaires qu'à lire le livre !
Une expérience intéressante et amusante ! Un grand merci aux organisatrices !
***
Ce livre, s'il vous tente, fera avec plaisir le trajet jusqu'à votre boite aux lettres !