C'est parti d'une photo.
Dans les années soixante, une photo témoigne de la présence de quatre croix.
Jean Paul Rieux a eu cette photo entre les mains, par un copain.
Curieux, intéressé par l'histoire de sa région il a pu reconstituer l'origine de ces croix, pour finalement les remettre en place il y a deux ans.(ouf, l'honneur est sauf, la dernière fois que j'avais mis le nez de ce côté de l'étang, c'était il y a 3 ans)
Celle qui a résisté le mieux, est celle dont parle l'inventaire général du patrimoine culturel de Bretagne: la croix dite "du soldat".
C'est facile, mais c'est bien peu n'est ce pas?
Au nombre des guerres Européennes...
Ce soldat là était un Bleu. Un des ennemis de Georges Cadoudal le Chouan, dont on fait une légende par ici.
Ce soldat donc, a été décapité dans l'anse de Kerguen à Belz, et son corps jeté à la mer, montante.
Retrouvé dans cette anse le long du chenal Saint Jean, il est enterré sur place sans doute par les habitants.
Ça, vous le saviez déjà, si vous avez lu Marcus.
Mais qu'en est-il des trois autres?
En fait, la croix présentée dans l'inventaire du patrimoine a été restaurée en dépit du bon sens. Seules comptent celles qui perpétuent la présence des croix précédentes, dont on peut encore voir les bois écorchés et usés, dépasser de la vasière.( à droite de la croix "habillée")
Dans les Trois croix, celle du soldat dont je vous rappelais l'histoire, et les autres, sans doute celles d'autres combattants morts dans les mêmes conditions: la lutte fratricide entre ceux qui voulaient restaurer la monarchie et les Républicains.
La bataille de Quiberon marque un moment important dans la lutte entre les Blancs (royalites) et les Bleus (Républicains);
Au départ, une victoire certaine est prévue avec l'arrivée de l'armée royaliste Anglaise (avec les émigrés) en baie de Quiberon, mais une lutte interne dans le commandement des Blancs fini par profiter aux Républicains.
Un très bon résumé de cette bataille, de ce quasi siège de Quiberon est
fait là...
Georges Cadoudal source là!Défaite des Royalistes? Oui, mais dès août 1795, Cadoudal réorganise une armée Chouanne dans l'Ouest et les guerres continuent entre les blancs et les Bleus. Ni Locoal, ni Mendon ne font exception et les exactions continuent entre les bourgs voisins, de Belz ou Landaul par exemple.
Jean Paul Rieux m'a rapporté l'histoire de ce Chouan qui était poursuivi par un cavalier Bleu.Imaginez le paysage d'alors, pas très différent de celui que je connais aujourd'hui: des landes, des bois, des vasières entrecoupées de langues de terres, de l'eau souvent et pas encore de ponts ni de route.Le Chouan est poursuivi, il court à travers cette terre qu'il connaît, il sait où passer pour aller plus vite et devancer son poursuivant. Il contourne les obstacles, évite les trous d'eau...Le cavalier est proche, son cheval souffle fort pour sauter par dessus les branches, les flaques qu'il peut apercevoir...Mais le soldat tombe dans le piège de cette terre marécageuse et se fait embourber avec sa monture. Ils seraient restés sur place, dans leur gangue de boue durant 15 longs jours avant que leurs corps ne soient dégagés puis finalement enterrés selon la coutume.
Ainsi, les Croix de Mané Beniguet font partie intégrante de l'Histoire et de l'histoire...
De près, j'ai bien vu qu'il s'agit d'un couvre chef et d'un tee-shirt, attachés l'un avec des punaises, l'autre noué avec un collant.
Plaisanterie de jeunes en révolte?Je vous laisse chercher quelques scenari possibles...et je reviendrai (peut-être) avec une solution...
(plus de photos dans l'album du bandeau de droite, vous cliquez et hop!)