Clotilde Reiss, une espionne française ?
La jeune femme est charmante. Pourtant, à lire son curriculum, on comprend qu'elle ait mis les turbans en ébullition ! Fille d'un ingénieur nucléaire, Rémi Reiss, qui serait cadre à Areva*, à 24 ans elle a déjà effectué des stages chez Framatome et/ou au CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) et rédigé un mémoire intitulé "Comprendre la politique iranienne dans la crise nucléaire". Avec cela, diplômée de Sciences Po Lille. Par ailleurs, elle a appris le persan très jeune avec sa nounou, le parle parfaitement et se passionne pour l'Iran... Joli profil d'espionne !Arrêtée le 1er juillet 2009 à l'aéroport de Téhéran alors qu'elle s'apprêtait à quitter le territoire, libérée sous caution le 16 août avec assignation à résidence à l'ambassade de France dans l'attente du verdict de la justice iranienne, elle est sous le coup d'une accusation d'espionnage**. Dans un entretien accordé au Parisien d'aujourd'hui 25 août 2009, l'ambassadeur de la République islamique d’Iran en France, Seyed Medhi Miraboutalebi, expose la position officielle de son pays sur cette affaire. Avec l'intelligence diplomatique qui le caractérise, Bernard Kouchner a encore raté une occasion de se taire, cf. Kouchner et les Yoghourts , qualifiant incontinent les propos de l'ambassadeur de fariboles et l'accusant ouvertement de mensonge : "Ce monsieur a parlé, il a tort de le faire d'ailleurs, parce que ce qu'il dit est faux". Pourtant ce que dit Monsieur Miraboutalebi, que ce soit fondé ou pas, n'est pas dénué d'intérêt, et la moindre des choses diplomatiques serait de rester courtois.
Si Monsieur l'ambassadeur veut bien transmettre, nous avons une proposition à faire à nos amis les mollahs. On vous échange notre apprentie espionne contre le nommé Bernard Kouchner. Gardez-le tant que vous voudrez !
Nouvelles précisions, de sources bien informées :
* Monsieur Reiss, employé par cette filiale du CEA, aurait rejoint en 2008 la structure européenne (EFDA-JET) qui travaille sur la fusion nucléaire magnétique (ITER).
** Il est possible que le parcours et les qualités de Clotilde Reiss aient attiré l'attention du VEVAK (Ministère iranien des renseignements et de la sécurité nationale) avant même son séjour en Iran et qu'elle ait fait l'objet d'une surveillance de la part des agents de renseignement du VEVAK postés en France...
* Le Parisien : Qu’est-ce que l’Iran reproche à Clotilde Reiss ?
Medhi Miraboutalebi. Mme Reiss a fait des études de géopolitique, elle s’intéresse à l’Iran, elle parle persan, mais elle n’est pas professeur de français. A partir de là, trois questions se posent. Pourquoi envoie-t-on une étudiante en géopolitique enseigner le français à la place d’un professeur de langue ? Pourquoi va-t-elle à Ispahan, la région où sont précisément installés nos centres d’enrichissement d’uranium ? Et enfin, pourquoi choisit-elle une université technologique où l’on n’étudie pas les sciences sociales, qui sont pourtant sa spécialité ? Vous ne croyez donc pas qu’il s’agisse d’une simple étudiante ?
Cette jeune femme a effectué entre juin et septembre 2007 un stage sur les technologies nucléaires à la direction des applications militaires du CEA (Commissariat à l’énergie atomique). Elle a rédigé un mémoire intitulé : « Comprendre la politique iranienne dans la crise nucléaire ». Ce document justifie nos doutes à son égard. Faites-vous une relation avec le fait que son père travaille au CEA ?
Nous étions au courant, mais nous ne prenons pas en compte cet élément. Pour autant, vous ne disposez que de soupçons, vous n’avez rien de concret contre Clotilde Reiss…
Son dossier compte huit chefs d’accusation. Elle les a tous reconnus lors de son procès. Cette dame est partie en Iran avec un visa de trente jours pour enseigner le français. Sur place, elle a fait une demande de prolongation. Lorsque son visa a expiré une deuxième fois, elle aurait dû quitter le pays, mais elle a continué à séjourner illégalement. En apparence, elle est partie pour donner des cours de français à Ispahan. Alors pourquoi s’est-elle retrouvée pendant quinze jours dans les manifestations de Téhéran ? Etait-elle surveillée en Iran ?
Oui, nous la surveillions dès lors qu’elle était sur le territoire iranien. Sinon, comment aurions-nous pu l’arrêter ? Selon vous, c’est donc une espionne ?
C’est l’un des chefs d’accusation, mais personne ne peut se prononcer à la place du magistrat. Vous affirmez qu’elle a tout avoué. En France, on pense qu’elle y a été forcée…
Ces pratiques n’existent pas en Iran pour une raison simple : nos croyances religieuses nous interdisent de mentir et de faire avouer sous la contrainte. L’ambassadeur de France a rendu visite à Mme Reiss et a pu constater que ses conditions de détention étaient tout à fait confortables. Sait-on quand le jugement sera rendu ?
L’accusée a été interrogée et a pu être libérée sous caution (NDLR : 300 000 $, soit 213 000 €) en attendant le verdict, comme l’autorisent les lois iraniennes. A présent, c’est au juge de décider entre la prison, la liberté ou l’amende. Pour la date, je vous invite à lui poser vous-même la question. Ce qui est certain, c’est que ce sera moins long qu’en France.
Les relations entre la France et l’Iran sont extrêmement tendues…
Le ministre français des Affaires étrangères dit que la France n’a pas de relations avec les autorités iraniennes. Cela veut dire quoi ? N’est-ce pas justement de sa responsabilité ? Que fait la France pour améliorer les liens ? Depuis deux mois, je fais tout mon possible pour que le climat s’apaise et éviter que les choses ne dégénèrent. La France a choisi de s’ingérer dans les affaires iraniennes immédiatement après l’élection et diffuser ses messages de propagande à l’opinion publique.