"Moi, tous les jours de la semaine je les endimanche.
Le travail que je n'ai pas, la maison que je n'ai pas, le coin de campagne que depuis des années je n'ai plus vu
L'amour que je n'ai plus, celui que je n'ai jamais eu.
La vie que je ne veux pas.
Celle qui est trop belle, trop lumineuse et trop dure pour moi.
Chaque jour que j'ai essayé de vivre, jour après jour, je me suis meurtri et brûlé les ailes avant d'atteindre aux dimanches ensoleillés.
Je n'ai jamais connu l'été.
Alors ma vie, je la rêve.
Je rêve mes étés et mes dimanches.
Mes jours sont tous les jours dimanche, car je les endimanche.
Je leur mets des couleurs, des cotillons, de la crème pâtissière.
Ne me reprochez ni ma tristesse, ni mon inaptitude à vivre.
La vie était trop belle et on pouvait la rêver et l'endimancher.
Aujourd'hui, j'ai épuisé tous mes rêves. J'ai raclé le fond de mon assiette, il n'y a plus rien au fond de mon verre.
Que me reste-t-il?
La vacuité, la folie peut-être.
Jai peur et je m'en fous."
-je n'ai jamais connu l'été- par Francis- extrait du livre:- jeudi 21h30- recueil de textes écrits pendant l'atelier d'écriture de la Moquette-de l'association: "les compagnons de la nuit"- éditions de Mailletard- l'extrait a été publié dans un dossier "ils ont osé l'art" de la revue lien social n°937-938-