Urgences, E.R. pour Emergency Room en version originale, l’oeuvre créée par le défunt Michael Crichton qui signe là sa plus célèbre fiction avec Jurassic Park. Et dire que les Urgences sont aussi vieilles que cela, il n’y a qu’un pas que je ne franchirais pas.
Ce soir, sur France 2, la série s’achève après 15 saisons et 330 de 42 minutes et un de 1h20 (le dernier). Le Cook County Hospital de Chicago ne sera plus notre lieu préféré pour recevoir NFS, chimie, iono et autres tests ordonnés par nos médecins préférés. Que restera t’il demain de cette très longue série ?
Je pourrais faire des top 15. C’est la mode pour célébrer ce final. Mais cela serait trop facile. Et puis je peux difficilement faire un top 15 des meilleurs ou pires épisodes par exemple vu que je n’ai plus les 331 épisodes en tête.
Comment pourrais je me souvenir de tout ? Après tout, Urgences représente plus de la moitié de ma vie ! J’ai 29 ans au jour où j’écris ces lignes. J’avais donc 14 ans quand Carol a débarqué aux urgences après sa tentative de suicide, scène ouvrant la série. En fait, j’en avais 15. J’ai pris le train en marche lors de la seconde saison après un gros pressing de Matthieu, un ami de l’époque. A l’époque, Urgences était encore diffusée le jeudi soir en seconde partie de soirée.
Rendez vous compte de l’importance que ce service hospitalier a pris. Imaginez, vous avez 60 ans. Et bien, cela représente un quart de votre vie. Un sacré nombre de divorcés aurait aimé que leur union dure au moins aussi longtemps. Et je ne prends pas la comparaison du mariage au hasard. Urgences, c’est un peu notre moitié. Elle est là, régulièrement, et elle nous fait vibrer, elle nous prend aux tripes, elle nous fait verser des larmes. C’est la passion dans son meilleur sens. Mais aussi, elle nous agace, elle nous énerve par ces choix stupides, ses idées à la con. Comme une femme. Ou comme un homme si vous êtes une lectrice Urgences, un compagnon fidèle, qui nous aime encore malgré nos infidélités avec les cruches du Seattle Grace Hospital ou le sadique de Princeton Plainsboro. Elle nous pardonne nos infidélités et ne nous le reproche même pas. Et je me rends compte que je parle au présent de cette série qui nous a quitté. Comme quoi, il va y avoir un vrai deuil à faire.
Urgences, c’est donc 331 épisodes. Et savez vous qui a le plus d’apparitions au compteur ? Et bien, sans grande surprise, c’est Carter qui est apparu dans 255 épisodes. Plus surprenant, la seconde place revient à Kerry Weaver avec 251 apparitions puis Chuny l’infirmière avec 219 épisodes au compteur. Abby Lockhart prend la 4eme place avec 190 épisodes et Malick conclue ce top 5 avec 188 épisodes. 2 infirmiers sur 5 quand même.
D’autres surprises : Dubenko et Gallant ont le même nombre d’épisodes (61) tandis que Ray fait mieux que Tony le tigre avec 5 épisodes de plus (71 contre 66), Brenner compte 1 épisode de moins que Jennifer Greene (la femme de Mark, 27 contre 28).
Quelques grands noms sont passés par les Urgences outre George Clooney et compagnie, certains qu’on aurait légitimement oublié : Khandi Alexander (la légiste des experts Miami – 30 épisodes), CCH Pounder (l’extraordinaire Claudette de The Shield – 24 épisodes), Jorja Fox (Sara Siddle dans les experts de Las Vegas – 34 épisodes), Sam Anderson (Angel, Bernard dans Lost – 19 épisodes), Elizabeth Mitchell (Juliet dans Lost, V – 14 épisodes), Mariska Hargitay (Olivia Benson dans New York Unité Spéciale – 13 épisodes), Andréa Parker (Le caméléon, Less than Perfect – 10 épisodes), Ron Rifkin (Arvin SLoane dans Alias, Saul dans Brothers and sisters – 9 épisodes), John Terry (papa Jack dans Lost – 8 épisodes), ou encore Michael Ironside, Clancy Brown, Julie Bowen, Yvonne Zima, Kristen Johnson, Mary McCormack, Kristen Dunst, Garrett Dillahunt, Bruno Campos ou encore Mark Valley (tous pour 5 à 10 épisodes).
Du coté des récompenses, Urgences aura raflé 22 Emmys pour 123 nominations (record pour l’instant. Je ne doute pas que Mad Men l’aura explosé en saison 5 et 30 rock l’an prochain). En audiences américaines, la meilleure saison fut la sixième avec 25 millions de téléspectateurs de moyenne. La plus faible fut la 14eme avec 9,6 millions de moyenne. La saison 1 avait ouvert avec 19 millions de moyenne, le dernier épisode a réuni 16 millions de téléspectateurs et pousse la moyenne de la saison 15 à 10,3 millions de téléspectateurs par épisode.
Un détail intéressant : Steven Spielberg était producteur durant la saison 1 et c’est lui qui a pris la décision de conserver Carol Hathaway à la fin du pilote. Dans le script original, elle mourrait. Bien joué Steven.
Urgences aura marqué l’histoire de la télévision. Ce fut la première série amenant un réalisme total. Elle a ouvert la voie à toutes les séries réalistes des années 2000 comme les experts par exemple. Urgences a aussi été une des premières séries tournées intégralement en widescreen (format 16/9e) y compris la première saison. Le format servait au mieux une réalisation hyper dynamique et nouvelle où on suivait la caméra en plan continu virevolter de salle en salle, changeant les protagonistes au fil des couloirs. Malheureusement, ce gimmick de réalisation s’est un peu perdu au fil des ans. Urgences fut aussi l’une des premières séries à proposer un épisode en direct total, tourné deux fois par les acteurs (pour chaque cote des Etats Unis) que France 2 nous avait offert en direct elle aussi à 4 heures du matin en vo pure.
Urgences a beaucoup expérimenté. Chaque saison avait son épisode spécial comme l’épisode se déroulant à l’envers ou encore l’épisode depuis le point de vue d’un patient. Et soyons honnêtes, Urgences a tout fait et il sera très dur d’être original pour les shows médicaux purs à venir. Grey’s Anatomy ne s’y place pas dedans, étant plus un soap qu’une série médicale. Dr House n’est pas un service d’urgences, même si il bosse dans l’urgence la plupart du temps mais par sa faute avec ses traitements au pifomètre.
Urgences est une grande série, une très grande série. Avec ses hauts très hauts avec sa première génération (Ross, Greene, Benton, Carter) et ses bas, pouvant aller très bas entre la saison 12 et 14, la seconde génération n’ayant pas le charisme de la première et devant faire avec des histoires abracadabrantesques pour ne pas donner l’impression de répétition.
Il est marrant de constater que même la première génération était quand même super soap (Ross et Carol sont un peu les parents de mémé et Derek même si Carol fait plus jeune que Meredith, Benton a eu ses histoires de paternité avec Reese (la dispute de la garde, la révélation qu’il n’est pas son fils biologique), Carter n’en parlons pas (son frère, sa famille, Lucy, Abby, son fils), Boulet et son sida, Greene et ses problèmes matrimoniaux puis son cancer, les sempiternels triangles (Carter / Abby / Kovac, Benton / Corday / Greene, …) Du coup, il était dur de faire du nouveau captivant pour la seconde génération qui a donc fait un peu redite.
Honnêtement, le coté soap me fatiguait par moments, surtout que les scénaristes avaient trop tendance à tirer le plus longtemps possible sur la corde et certaines histoires peu intéressantes, trainaient et trainaient. J’étais plus fan de la caméra tournoyant autour de la dizaine de personnes s’affairant en Réa 1 pour que le blessé arrête de se vider de son sang. Mais je peux comprendre aussi qu’on aimait l’inverse. Et c’est un peu ce qui faisait la force de la série : tout le monde pouvait retrouver quelque chose qu’il aimait dedans.
Les moments qui m’ont marqué (sans ordre particulier) :
– Ross qui s’en va (tout ce qui conduit à son départ et Carol qui part avec)
– La progression d’Abby pour devenir un super médecin
– Le coté né pour ça de Greene
– L’épisode en direct
– Sally Field, et pas en bien.
– Pratt qui plante la voiture dans le fleuve, tellement c’était grandement ridicule
– Le premier épisode en Afrique, magistral
– L’évolution de l’insupportable Morris en Super Morris, Ze super médecin qu’on aime.
– Romano et son pote l’hélicoptère. Imprévisible, over ze top, génial quoi.
– Sherry Stringfield qui part, qui revient, qui repart, qui revient … Décide toi !
– Weaver sans béquilles et tout le monde s’en branle royalement à l’hôpital
– Carter et Lucy poignardés
– Sam exécutant son mari
– Luka regardant Abby se vider de son sang dans la pièce d’à-coté mais ne pouvant rien faire
– Ross affrontant la tempête pour sauver un enfant
Et le plus grand moment de la série, et peut-être même toutes séries confondues pour moi : l’épisode à Hawaii où Mark nous quitte.
Il va falloir vivre sans maintenant. Les successeurs arrivent mais plus rien ne sera pareil maintenant dans les dramas médicaux.