Marcher dans la couleur

Publié le 25 août 2009 par Zappeuse

Sentier des ocres à Roussillon (Vaucluse)

Dans les années 80, les mômes des communes du coin venaient y faire du vélo, grand splaouch de biker débutant dans les pentes abruptes, tandis que d’autres, peut-être moins mômes, gravaient des cœurs avec des prénoms dans le sable orange : les carrières d’ocre de Roussillon n’étaient plus des carrières et pas encore un site touristique.
De nos jours, le parcours est balisé, aménagé et payant (prix abordable, qu’on ne regrette pas tant la balade est lumineuse). C’est une balade odorante dans la végétation provençale, avec cigales associées en bruit de fond : une vraie carte postale, mais en mieux. C’est surtout une balade dans la couleur, du blanc légèrement cassé à l’orange foncé.
Au début du sentier, on se croirait en plein désert, ça cogne dur au moins d’aôut, l’ocre est foncée, brûlante. On se croirait aussi au bord d’un de ces canyons des paysages de l’ouest étatsunien.
Puis la balade en sous-bois commence (d’un strict point de vue thermique, on apprécie) : tout a la couleur de l’ocre, ou plutôt des ocres. Les troncs, les branches basses, les buissons, les chaussures et les pantalons. Tout. A chaque virage une nouvelle nuance, un nouveau relief. C’est magique.


Ces ocres n’ont pas toujours attiré le regard. Je ne parle pas du tourisme, mais de l’industrie. Le premier à extraire ces sables dorés et à les transformer en pigments fut monsieur Jean Etienne Astier qui, à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, récupéra un ancien moulin à huile pour mener à bien sa petite entreprise. Au grand dam des habitants, qui voient alors d’un mauvais œil ce marchand de couleurs qui balance ses sables partout, fait entrer la poussière colorée dans les maisons dès que le vent se lève, et en plus à tout les coups ça pique le nez et les yeux. L’activité a cessé au milieu du XXe siècle, mais le village en a gardé les couleurs chaudes et la manne touristique …

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