Magazine Humeur
En ce lendemain de Grand Pardon, la plus austère des fêtes juives, m'affleurent à la mémoire tous ces pardons fondateurs
d'une possible renaissance et ceux empêchés par la violence de l'incompréhension.
Le principe même de Yom Kippour est fondé dans la demande de pardon des fautes que l'on a commises, vénielles ou plus graves, à celui qui en a été la victime. Mais à qui et pourquoi demander
pardon lorsque c'est vous qui êtes victime et que le coupable est "non nommé" ou empêché de rendre des comptes? Depuis toujours, nous avons du nous construire ou nous reconstruire après que nos
fondations eussent été balayées par des violentes tempêtes, historiques ou personnelles. Comment alors retrouver le courage d'être un bâtisseur dès lors qu'une des pierres fondatrices de notre
harmonie et de notre équilibre a disparu?
Après l'onde de choc, l'état de sidération provoqué par la douleur, vient le temps de l'apprivoisement d'un espace encore en déséquilibre. Nous ne pouvons être les architectes de notre
reconstruction dans la solitude et l'isolement. C'est peut-être le premier des enseignements. Seuls nous ne sommes que "des pierres qui roulent". Malgré les aspérités.
Nous sommes Le Monde, le nôtre, celui que nous projetons à l'extérieur de notre bulle matricielle, celui que nous générons par l'amour qui en est le terreau. Et c'est ainsi que, par
des passerelles ouvertes, peut entrer la Vie.