Et si les engrais devenaient tellement puissants qu’ils permettaient de ne cultiver qu’un seul gros légume (ou fruit) au lieu de toute une récolte ? Et si on pouvait être assommé par une fraise ?
Et si les savants manquaient à ce point de sens de l’humour qu’ils se cassent les dents sur l’utilité d’un dentier sauteur de jadis ?
Et si l’humanité n’arrivait plus à faire l’amour qu’en s’enfermant dans une sorte de cabine de douche orgasmatique ?
Et si elle avait besoin d’un leader charismatique au point de se soumettre à la dictature d’un nez (seul reliquat de l’ancien leader désintégré dans un attentat) ?
Et si le fin du fin de la gastronomie était un bon hamburger consommé dans un fast-food ad hoc ?
C’est dans ce monde aseptisé où l’on prend un bain au moins toutes les sept heures et où l’on laisse tous les soucis d’intendance à des robots que débarque Miles, un gérant de boutique végétarienne cryogénisé en 1973 à son insu.
Miles, c’est Woody, tout jeune encore et chevelu, dans un film 70’s qui puise son inspiration aussi bien dans la SF de 1984 ou Fahrenheit 451 que dans les courses-poursuites accélérées des films de Chaplin ou Keaton.
Notre anti-héros se retrouve bien malgré lui à la tête des rebelles, bien accompagné par Diane Keaton qui découvre la vie au grand air (elle qui, poétesse célèbre, croyait fermement qu’un papillon redevenait chenille et que c’était la vie).
Le film est une succession de scènes délirantes : Miles croque dans une rondelle de banane géante, Miles traverse un ruisseau dans une combinaison spatiale bien encombrante, Miles est suspendu dans le vide accroché à la bande magnétique d’un magnétophone géant (ce type de magnéto déjà démodé quand nos profs de langue les utilisaient au collège !), Miles prend en otage un nez dans une salle d’opération…
Même si c’est surtout un divertissement, la critique sociale garde tout de même son intérêt. Woody sauvera-t-il le monde ?