J'y trouve des phrases souvent dérangeantes mais qui me sonnent juste avec leurs mots bien reluisants et je m'arrête assez souvent pour les reprendre à la ligne.
".../..."Voilà des millénaires que "connais-toi toi-même" en " je pense donc je suis", on ne cesse de gloser sur cette dérisoire prérogative de l'homme que constitue la conscience qu'il a de sa propre existence et surtout la capacité que cette conscience a de se prendre elle-même pour objet. lorsque ça le gratte quelque part, l'homme se gratte et a conscience d'être en train de se gratter. Lui demande- t-on: que fais-tu? qu'il répond: je me gratte. Pousse-t-on plus loin l'investigation (es-tu conscient que tu es conscient du fait que tu te grattes? ) qu'il répond encore oui, et de même à tous les es-tu conscient qui se puissent rajouter. L'homme est-il pour autant moins démangé de savoir qu'il se gratte et qu'il en est conscient? La conscience réflexive influe-t-elle bénéfiquement sur l'ordre des démangeaisons? Que nenni. Savoir que ça gratte et être conscient du fait qu'on est conscient de le savoir ne change strictement rien au fait que ça gratte. Handicap supplémentaire, il faut endurer la lucidité qui découle de cette triste condition et je parie dis livres de mirabelle que cela augmente un désagrément que, chez mon chat, un simple mouvement de la patte intérieure congédie. Mais il parait aux hommes tellement extraordinaire, parce-que nul autre animal ne le peut et qu'ainsi nous échappons à la bestialité., qu'un être puisse se savoir, se sachant en train de se gratter, que cette préséance de la conscience humaine semble à beaucoup la manifestation de quelque chose de divin, qui échapperait en nous au froid déterminisme auquel sont soumises toutes les choses physiques.../...
.../...personne ne semble conscient du fait que puisque nous sommes des animaux soumis au froid déterminisme des choses physisques, tout ce qui précède est caduc.../..."
extraits de "l'élégance du hérisson" -de Muriel Barberi-folio (poche)