Je crois rêver...alors que la question des alliances du PS - toute naturelle en ce que les divisions internes entre antilibéraux et socio-démocrates se réveillent - fait parler politiciens, médias et blogosphère, c'est à un véritable déferlement de mauvaise foi emprunte d'amnésie sélective que l'on peut lire chez les leftblogs.
Nicolas reprend les propos de Romain Pigenel, faisant de Bayrou un loup dans la bergerie socialiste... ah quelle belle image que voici ! Les pauvres petits socialistes, ces petits agneaux, prêts à être dévorés par le grand méchant libéral François Bayrou...
La métaphore est loin d'être anodine: l'agneau est le symbole traditionnel de l'innocence et de la pureté.
On stigmatise les prétendus défauts du Mouvement Démocrate et de ses dirigeants pour insidieusement, se faire chantre de la sagesse.
Par exemple, Hypos évoque le prétendu double jeu de Marielle de Sarnez sans pour autant l'étayer par des faits tout en le cautionnant par un "Pour les avoir côtoyés et avoir mesuré leur double-jeu". Je n'aipersonnellement jamais cotôyé un seul des grands pontes du PS, je peux tout de même me permettre de dire qu'en matière de double-jeu, le MoDem a tout à apprendre du PS.
C'est étrange cette propension à vouloir faire de François Bayrou l'ennemi du socialisme français. Par les temps qui courent, spontanément, j'aurais plutôt personnifié le mal en la personne de NicolasSarkozy, s'il fallait choisir un "loup"...
Toutefois, ces énièmes attaques émanant du camp socialiste à l'encontre du Mouvement Démocrate appellent plusieurs commentaires:
1. Ces dénonciations de la part des socialistes manquent singulièrement d'humilité.
Faut-il comprendre que le PS, ce monolithe qui a partagé le pouvoir en France en alternance avec la droite depuis 30 ans, est le mieux placé pour donner des leçons de vertu?
Ce parti prisonnier de la baronnie et des cumulards, est empli de militants crachant sur les autres partis d'opposition?
Je ne savais pas que nous pouvions encore nous payer un tel luxe. Sarkozy doit sûrement s'en frotter les mains.
2. Quel est donc l'intérêt à frapper contre les ennemis de ses ennemis?
Maintenir une ligne fortement gauchiste et antilibérale?
Mais que diable, si vous ne voulez pas d'alliance, n'en faites pas !
En pareil cas, la seule option qui s'offre à vous est la suivante:
Réaffirmez officiellement votre antilibéralisme une bonne fois pour toutes et laissez donc vos adhérents socio-démocrates en tirer les conséquences.
Vous ne pouvez perdurer dans le statu quo, pensant garder vos sympathisants centristes fidèles à un parti qui ne les représente pas tout à fait. Cependant, en interdisant un rassemblement démocratique qui soit une alternative efficace et crédible à la majorité en place, vous devrez supporter la responsabilité de 5 ans de sarkosisme supplémentaires.
Je n'aime décidément pas cette tendance humaine toujours plus prompte à dénicher ce qui nous distingue de ce qui nous rassemble. L'air est pourtant connu, les gauchistes au monopole du coeur, ces gardiens de la morale et du bon sens, prêts à diaboliser jusqu'à la caricature, tout ce qui n'est pas membre du club.
Alors, au lieu de vous confondre en arguments ad hominem, diabolisant l'ennemi libéral, ce vilain droitiste, et d'angéliser son camp dans un élan affectif à l'égard de l'héritage et de l'histoire du socialisme français, réfléchissez à ce que vous voulez pour la France.
Du côté des démocrates, le mois de Septembre sera l'occasion de réaffirmer nos idées républicaines et humanistes, de développer notre programme, la question des alliances et des ralliements se posera naturellement dans un second temps.