Quand ça le prend, il écrit. Sinon, il se retrouve avec des filles magnifiques qui n'ont qu'une envie: se déshabiller pour prendre des douches et des bains devant son nez. Puis il les enfile.
Oui, c'est un terme du vocabulaire Djian. On en trouve de nombreux synonymes dans Zone érogène. Parce que ça baise beaucoup, un écrivain. Des mineures, des femmes de cinquante-sept ans, des critiques littéraires, la femme qu'on aime...
Celle-là, bien sûr, vous fait des misères. C'est parce qu'elle est en concurrence avec l'écriture, et qu'elle le supporte mal. Elle voudrait qu'on s'occupe d'elle, elle déplore de n'être qu'une machine à baiser.
L'écrivain, lui, veut écrire, et qu'on lui fiche la paix. Il n'a pas grand chose à raconter, mais ça ne le préoccupe pas. L'important, c'est son style.
Eh bien justement, quel est-il, ce style dont Djian est si fier? Un style oral, on le sait. Pas de ne dans les phrases négatives, un vocabulaire de la rue, la recherche d'un rythme. Un peu, toutes proportions gardées, ce que Céline avait fait à son époque. Quoique les références de Djian soient plutôt du côté de la littérature américaine des Fante ou Bukowski. Comme eux, il se met en scène (par exemple, son personnage s'appelle Philippe Djian).
Ça se lit plutôt bien d'ailleurs, même s'il n'y a pas d'intrigue à proprement parler. L'histoire est un simple prétexte. Ça ne gêne presque pas. On termine quand même le livre. A cause de l'ambiance moite, blues et dérivante, que Djian excelle à créer. Parce que, surtout, c'est un vrai travail d'écriture.
Et aussi parce qu'on rêve d'être l'écrivain dont il parle. Celui, vous savez bien, qui regarde ces filles magnifiques sous la douche et qui, après...
Philippe Djian, Zone érogène, J'ai lu