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Tous les quinze jours, l'émission phare de M6 continue de fidéliser un public assez large autour de thématiques sociologiques et sociétales traitées avec une certaine finesse et sans voyeurisme façon "Droit de savoir". Présentée par Claire Barsacq, remplaçant Mélissa Theuriau le temps de son congé maternité, "Zone interdite" s'attardait hier soir sur les "nouveaux" comportements sexuels. Femmes prédatrices, croissance et démocratisation de la bisexualité, promotion de l'abstinence aux States sous l'influence des évangélistes, l'émission cherchaitavant tout à montrer d'un côté l'évolution des moeurs.
Intéressant, le premier sujet traitait donc de ces femmes "prédatrices" qui consomment les hommes et les jettent ensuite sans regret ni remords. L'une d'entre elles avouait même partir dans la nuit pour éviter d'avoir à parler à son amant au petit matin autour d'un petit-déjeuner. On assistait alors à un renversement des rôles traditionnels, la femme "objet" assumant maintenant une certaine féminité dominante face aux hommes en pleine réification (l'exemple du site où l'on pouvait mettre des hommes dans son "panier" était flagrant). Comment expliquer un tel changement ? L'émission apportait des éléments de réponses, culturels et historiques, en parlant avant tout de l'évolution du féminisme. Et les hommes là-dedans ? Grâce à divers témoignages, tournés façon docu théma de Arte, on s'apercevait qu'ils étaient loin d'être aussi apeurés par des femmes de poigne et entreprenante (comprenez au niveau de la séduction). Ils se satisfaisaient en outre d'être des "PQR", des "Plans Cul Réguliers".
Le deuxième sujet, sans doute le plus intriguant, parlait de la bisexualité et dressait de portrait de jeunes entre 16 et 25 ans, majoritairement des filles, qui se disaient donc autant attirés par les hommes que par les femmes. Cela voulait-il dire pour autant que cette sexualité n'est pas répandue parmi les hommes ? Pas certain. L'un d'entre eux, ouvertement bi, admettait qu'il était plus dur pour un homme de s'affirmer en tant que tel car il y avait une "perte de virilité", associée par une journaliste à l'acte sexuel en lui-même qui impose un rapport dominant/dominé, rapport que la pensée collective croit impossible entre deux femme. A tort. Le reportage s'attardait également sur l'aspect scientifique de la bisexualité et nous apportait deux témoignages de psychanalyste et psychologue, l'un nous disant que cette sexualité était un non-achèvement de maturité psychologique, alors que l'autre nous démontrait que chacun aspirait à aimer l'autre sexe mais à des degrés différents. Selon lui, 80% de la population serait bisexuelle. Le fort du sujet résidait dans les réactions des parents et grands-parents qui se révélaient pour le moins très compréhensifs, ne voyant en fait que l'amour qui unissait les deux êtres. Et comme disait un père, "Je préfère avoir une gendresse que j'apprécie plutôt qu'un gendre que je n'aime pas". Toute cette évolution des moeurs contrastait d'autant plus violemment avec le sujet sur la promotion de l'abstinence Outre-Atlantique, un phénomène assez inquiétant conférant au père de famille un droit absolutiste sur la sexualité de sa fille. C'était finalement le plus étrange de la soirée.