Après six ans d’absence, la franchise Terminator revient au cinéma avec un honnête quatrième volet qui, en dépit d’un scénario convenu, propose une série d’audaces visuelles aussi plaisantes qu’intéressantes.
La vraie renaissance de la franchise ?
Nous sommes en 2018 et le monde vit dans une ère post-apocalyptique où se déroule une guerre entre humains et machines. La Résistance, menée par John Connor (ndlr : le fils de la célèbre Sarah), parvient à trouver une arme pouvant paralyser les robots, un espoir qui laisse entrevoir la fin possible de la guerre.
Que les non-initiés à la saga Terminator se rassurent, le film propose lors de son ouverture quelques mots récapitulatifs facilitant la compréhension. Il faut dire que les voyages spatio-temporels sont un postulat de départ des plus alambiqués. Lors de ce quatrième épisode, John Connor (Christian Bale, The Dark Knight) rencontrera par exemple son père adolescent. Passé ces quelques points du scénario assez tortueux, Terminator Salvation se présente comme un blockbuster tourné exclusivement vers l’action, un film bien calibré, rythmé qui fait s’enchaîner les scènes de combat et d’indénombrables explosions. Ne cherchez pas ici la complexité scénaristique que pouvaient avoir les deux premiers volets de James Cameron, Terminator Salvation narre « seulement » une guerre entre les gentils humains et les méchants robots. La seule nuance du film réside dans le personnage de Marcus, ce robot/humain, plus vif d’esprit que Schwarzenegger, qui ne va tout de même pas jusqu’à conférer au récit une valeur morale sinon moraliste : tout le monde a le droit à sa seconde chance, clame-t-on ça et là.
Mais après tout, va-t-on vraiment voir Terminator Salvation pour se poser des questions existentialistes ? Si la trilogie Matrix nous avait laissé croire qu’il était possible de disserter autour de sa portée philosophique, les péripéties de John Connor, elles, ne donnent pas un tel espoir. Reconnaissons néanmoins le nombre suffisant de retournements de situations qui rassasiera les fans de la saga et les amateurs d’action. Le film aurait néanmoins gagné à contrebalancer sa gravité et sa froideur en amenant un peu plus d’humour.
Des ambitions visuelles.
Succédant au très dispensable Terminator : The rise of the machines, le film de McG, à qui l’on doit notamment les truculents Charlie’s Angels (2000, 2003), est un divertissement des plus traditionnels à l’esthétique délectable. Le réalisateur, produit assumé de la culture MTV, marque son œuvre d’une série de belles scènes, à l’image de celle se déroulant dans le désert et qui voit John Connor en hélicoptère pris dans une explosion. La caméra suit l’action en plan séquence jusqu’au crash. Immersif. Plus tard, le réalisateur déploie tous ses talents pour le montage lors d’une séquence de poursuite en camion épique et, osons le dire, anthologique. Du reste, McG inclut quelques références aux précédents Terminator, que ce soit dans les répliques (« I’ll be back » ne pouvait être absent) ou dans la reproduction de certains plans de Terminator, notamment lorsqu’un personnage bien connu fait une apparition aussi prévisible que plaisante. La principale réussite du film réside donc dans son esthétique, également visible dans ses décors terrifiants de ruines et de boyaux métalliques infernaux ainsi que dans ses ambiances, ses couleurs ternes et sales où seul le rouge de l’œil du Terminator semble prendre du relief. D’ores et déjà un grand succès, Terminator Salvation devrait connaître au moins une suite, comme nous le laisse supposer le prologue avec une finesse toute relative. « [He]’ll be back ! ».