Un oeil vil apparaît puis le titre, Secret Story. Qu'est-ce que cette émission ? Une resucée de Loft Story ? Peut-être bien. Même habillage, même présentateur, même titre (au mot près) et mêmes candidats loufoques au Q.I avoisinant celui d'un oursin - et ce n'est pas très gentil pour l'oursin, la production d'Endemol ne semble pas faire dans l'originalité. Pourtant, le concept est sensiblement différent. Basé sur un jeu de secrets, les candidats devant garder le leur tout en découvrant celui des autres, Secret Story pimente la vie du loft. Mais ce qui est le plus intéressant, et certainement le plus choquant, demeure la manière dont la production considère ses candidats.
Ouvertement scénarisée, l'émission enferme ses participants dans une trame narrative particulièrement phagocytante, les manipulant à chaque instant comme des marionettes. Le but non-assumé semble être de les faire craquer psychiquement. L'émission d'hier soir fut particulièrement démonstrative. Il y avait les trompeurs, les trompés, les trompeurs trompés et les trompés trompeurs. Les candidats découvraient au fil de l'émission qu'ils avaient été tous au moins dupés une fois, images à l'appui. Castaldi affichait un sourire presque sadique à chaque révélation. Après tout, il est le maître du jeu, prétendant néanmoins être aux côtés des candidats pour mieux les poignarder par la suite.
Secret Story a le mérite de ne pas cacher ses intentions. "Méfiez-vous des apparences", nous dit l'entité déifiée sobrement nommée "La Voix". On en viendrait presque à croire en une portée religieuse du programme. Ce paradis (enfin, plutôt cet enfer) perdu, coupé de tout, où La Voix dit et ordonne à ses oyes ce qu'elles doivent faire. Le vice est poussé jusqu'à une table de commandements et un confessionnal. Mais quel est ce dieu (de la maison) qui monte ses enfants (les candidats) les uns contre les autres ? Forcement malveillante puisque pensée par les hommes (les scénaristes), "La Voix" fait néanmoins figure d'autorité et d'une relative justice. Elle est celle qui récompense et celle qui réprimende. Elle est écoutée et crainte.
Et qu'en est-il du spectateur ? Quelle place a-t-il dans l'émission ? C'est un voyeur omniscient et décisionnaire de la vie (télévisuelle) des candidats. Il est ainsi le seul à ne pas être berné. Du moins, le croit-il. Car grâce à son montage soigneusement emphasique, l'émission mène son audience où elle le souhaite. Jusqu'au bout du raisonnement spinoziste, méfiez-vous des apparences. C'est tout... pour le moment.
Secret Story
Tous les jours sur TF1