A cette ronde d’écrivains ravageurs (Mishima, Dazaï, Zorn, Nizan), par hasard il a fallu que se rattachât René Char, à qui nous rendîmes visite en ce dimanche du mois d’août, depuis La Roque d’Anthéron où, le soir d’avant s’éveillaient les trilles d’un autre poète, mais celui-ci du piano, Alexandre Tharaud. Les notes noires et blanches s’élevaient en bouquet, comme dans un dessin de Sempé, dans une nuit qui avait du mal à étancher les soifs du jour.
Une vieille demeure très bourgeoise au coin de la Sorgue [Rivière trop tôt partie, d’une traite, sans compagnon / Donne aux enfants de mon pays le visage de ta passion], à Campredon, c’est là qu’on honore l’écrivain.
[Rivière où l’éclair finit et où commence ma maison,
Qui roule aux marches d’oubli la rocaille de ma raison.Rivière, en toi terre est frisson, soleil anxiété.
Que chaque pauvre dans sa nuit fasse son pain de ta moisson.]
Le samedi, passage par Grambois, un petit village près de la Tour d’Aigues, l’un des seuls où le château est demeuré intact après la Révolution. Comme il est près de midi et que le Syndicat d’Initiative a pris l’habitude d’offrir l’apéritif tous les samedis du mois d’août, nous sommes invités, une dame érudite nous raconte que le château dut sa survie à l’amour que le représentant local du pouvoir révolutionnaire éprouva pour la fille du châtelain. Il y eut épousailles, mais la belle était-elle amoureuse ou se sacrifiait-elle pour le bien familial ?
Martinet aux ailes trop larges, qui vire et crie sa joie autour de la maison. Tel est le cœur.
….
Il n’est pas d’yeux pour le tenir. Il crie, c’est toute sa présence. Un mince fusil va l’abattre. Tel est le cœur.
Extraits de La Sorgue (Chanson pour Yvonne) et de La Fontaine narrative
(L’isle sur la Sorgue)