Prétexte du film : la "fin du monde" dans un genre inclassable, furieux, obsessionnel, entre guerilla urbaine, rupture du continuum temporel, uchronie / dystopie...
Nous l'avons vu deux fois : d'abord en streaming sous VidX HD, la version étaient alors de 2h40 et nous avait paru un peu longue mais d'un charme irrésistible :
manque de peau, le lien était mort quelques jours plus tard et la 2e fois (chouette !) ce fut sous DVD et Kelly avait raison de dire à Cannes en mai 2006 (cf. le bonus) : "Mon film peut sans
doute être vu plusieurs fois car c'est une sorte de puzzle." Argument anticommercial qui en fit flipper plus d'un dans la salle de presse. Kelly cite ce jour-là des vers de T.S. Elliot :
This is the way the world ends / This is the way the world ends / This is the way the world ends / Not with a bang but a
whimper. Ici, Kelly inverse le finale : "Not with a whimper but with a bang". Pour les amateurs de "cross-references", ça vient du fameux (et très souvent cité) poème d'Elliot intitulé
The Hollow Men (1925) reprenant à son compte les paroles de Kurtz dans le Au coeur des ténèbres de Conrad (coucou Apocalypse Now !). Un autre auteur est plusieurs fois
cité et ô combien : Philip K. Dick ("Flow my tears..." dans la séquence du double meurtre des Néomarxistes mais aussi le Fluid Karma : cf. d'ailleurs la série The 4400, produite par
Coppola, où les injections de drogues pleuvent !). Par ailleurs, au début du film, l'on découvre dans un écran de télévision un extrait de Kiss Me Deadly (Robert Aldrich) dont Kelly
semble fanatique, car son prochain film s'appelle The Box qui s'inspire cette fois carrément de Richard Matheson... et de Balzac : la boîte de Pandore d'Aldrich fait place à une peau de
chagrin... fleurtant avec Death Note (sortie novembre 2009).
La bande son est stupéfiante (The Killers, Muse, Beethoven...), aussi belle que dans Donnie : on retiendra les morceaux illustrant un très long plan séquence (qui a du demander des semaines de préparation !) qui constitue la visite du Megazeppelin "Jenny von Wesphallen" (ici, pas de coïncidence : c'est bien un dirigeable qui ouvre le roman américain Against The Day de Pynchon) ; le clip sous drogue de Private Pilot Abilene / Justin Timberlake - ''I've got soul, but I'm not a soldier" - et enfin, la danse des quatre ex-pornstars précédée par l'hymne américain (une "Del Rio" aux seins gonflés à l'hélium chantant comme une Ima Sumac inspirée par Laurie Anderson : de la folie !).
On retrouve des acteurs de Donnie Darko : Beth Grant, qui jouait l'insupportable prof d'histoire, et Holmes Osborne, le père de Donnie. Signalons enfin que
Kelly écrivit une première version du script peu avant le 11 septembre 2001 (dans le film, les Etats-Unis entre dans la World War III suite à un America Hiroshima visant le Texas, autrement dit
Bush) et que le film fit surtout plaisir aux intellos newyorkais, quoi d'étonnant ?
Premières minutes du film : une référence à Terminator, mais un traitement hyperréaliste, caméra DV, fête du 4 juillet 2005, Texas.
Le titre : "Southland" c'est le sud californien. Le film se décompose en trois parties (IV, V et VI), renvoyant à un récit plus long (6 parties) paru à ce jours en BD (dessins de Brett Weldele).
The Rock en futur Obama : "Je peux appuyer sur la détente et me réveiller".
Sean William Scott borgne ? Déjà, dans Donnie, le lapin perdait un oeil...
"C'est un film sur l'amitié, sur le pardon
et sur la fin de la peur." Richard Kelly