L'arrivée de GL Events dans le capital du CSBJ aurait pu être vécue comme une bouffée d'oxygène pour les finances de Bourgoin. Mais, on s'en doute, cette injection de liquidités n'est pas dénuée d'arrière-pensées, loin s'en faut.
Car l'entreprise de Monsieur Olivier Ginon est également actionnaire du Lyon olympique universitaire.
Et l'opération financière orchestrée par la 355ème fortune de France va peut-être permettre à Lyon de jouer dans l'élite du rugby professionnel, ce que le LOU n'est pas parvenu à faire depuis sa descente de 1ère division à l'issue de la saison 1993-1994.
Pour que cette ambition sur tapis vert puisse se réaliser, il faudra que le CSBJ parvienne à se maintenir en Top14 cette saison. C'est loin d'être acquis. D'abord parce que groupe Berjallien, malgré le talent intrinsèque de l'effectif, a perdu des tauliers (Parra, David...). Ensuite, et surtout, l'absence de visibilité pour les joueurs quant à leur avenir ne doit pas contribuer à les motiver à se sortir les tripes pour maintenir en Top14 un club dont il ne savent pas s'il sera encore le leur en fin de saison. L'amour du maillot, traditionnellement fort dans ce club, pourrait malheureusement se faire moins prégnant dans les prochaines semaines.
Dans l'hypothèse où le CSBJ parviendrait à se maintenir, il est fort probable qu'il cèderait la place dans l'élite à une entité "Rhones-alpine" constituée d'une colonne vertébrale Lyonnaise. Une forme de franchise qui, au final, devrait éloigner de l'Isère le centre névralgique du rugby local. Qu'on ne s'y trompe pas. Olivier Ginon ne rève pas d'un Bourgoin puissant, mais bien d'une ovalie à la sauce "Olympique Lyonnais".
On sait combien les rapprochements entre clubs, pour justifiés qu'ils soient d'un point de vue économique, sont difficiles à vivre. Le dernier exemple de l'Union Bordeaux Bègles Rugby en témoigne. L'addition d'identités, de cultures différentes, mais aussi d'ego ou d'ambitions personnelles peuvent provoquer des remous très forts. En gros, 1+1 n'est malheureusement pas toujours (souvent) égal à 2.
Au-delà, la fusion (ou plutôt l'absorption) LOU-CSBJ est, n'en doutons pas, un crève-coeur pour les supporters Berjalliens, dont le club n'a jamais quitté l'élite depuis 1981.
Le CSBJ, c'est d'abord un symbole, celui d'une région où le rugby est fortement implanté et qui produit régulièrement des joueurs de grands talent. Le centre de formation Berjallien et le club phare Isérois ont vu éclore nombre de rugbymen de niveau national voire international (barbus ou non...).
Bourgoin est également un club dont l'identité du jeu, mêlant solidité du pack et allant offensif, a contribué à donner au Top14 l'éclat de sa diversité.
Il est dommage de constater que l'équipe dirigeante en place, qui avait pris la suite du Président Martinet en affichant des ambitions d'autonomie à l'égard du puissant voisin Lyonnais, ait fini par se rallier au projet d'Olivier Ginon en cédant sur toutes les conditions imposées par l'homme d'affaire. C'est, au pire, une déroute et au mieux du temps perdu.
N'oublions pas non plus les supporters Lyonnais, que cette opération ne réjouira pas forcément.
On se refuse à espérer l'échec du projet de GL Events, car il semble le seul à même de maintenir le CSBJ à flot, à moyen terme tout du moins. Mais il y a quelque chose de triste dans le renoncement des dirigeants Berjalliens à trouver une alternative à cette option.