Un livre terminé, quelques jours à passer à Paris sans internet, il n'en fallait pas plus pour que je termine chez Gibert, évidemment... Je pourrais faire semblant d'être raisonnable, mais là, imaginez-vous plus RIEN à lire pendant 3 jours !!!
Je devais y remédier... et le Maître des Illusions m'a fait de l'œil dès mon arrivée au rayon poches !
La quatrième de couverture qui décrit "un jeune boursier californien" qui "découvre un monde insoupçonné de luxe, d'arrogance intellectuelle et de sophistication, en même temps que l'alcool, la drogue et d'étranges pratiques sataniques". Ce serait à la fois sous-estimer et mal comprendre ce roman, qui est bien plus que ce que cette ouverture racoleuse. Disons plutôt qu'il s'agit en effet d'un jeune boursier californien, qui, en arrivant dans une université du Vermont, découvre un groupe très particulier d'étudiants. Le professeur de grec ancien n'accepte en effet qu'un nombre très réduit d'élèves, qui ne se mêlent jamais aux autres étudiants, ne vont jamais aux soirées et préfèrent passer leur temps libre entre eux.
Ils communiquent entre eux en grec, multiplient les citations d'auteurs antiques et ne s'intéressent pas vraiment au monde contemporain.
Sous ces airs de solidarité et d'amitié quasi-fraternelle se cachent la cruauté et l'égoïsme de ces jeunes, qui les amènent à commettre des actes terribles.
Ce roman est extrêmement précis dans ses descriptions de la psychologie des personnages. L'isolement de ce groupe d'étudiants est tel que les actes pervers qu'ils imaginent avec la plus grande froideur leur semblent presque aller de soi, comme s'il n'y avait pas d'autre solution. Je n'ai ressenti aucune pitié ou empathie pour la situation des personnages (je veux dire "après"...), ce qui m'a un peu gênée, mais peut-être était-ce normal ? Aucun n'est particulièrement attachant, sauf peut-être Camilla, mais là encore, c'est assez compréhensible puisqu'ils sont finalement des personnes plutôt désagréables...
Reste une ambiance incroyable, qu'on retrouve rarement ailleurs, malsaine et pesante, dans un roman qui prend son temps.
Ah, et un petit détail de traduction, très petit, mais qui m'a chiffonnée en fait... Quand on emmène le neveu du Bunny au McDonald's, on lui fait manger un Menu Bonheur... un MENU BONHEUR ???? Le livre a été traduit en 1994, donc je pense qu'on aurait vraiment pu dire "Happy Meal", tout le monde aurait compris... Bon, je suis sans doute un peu trop pointilleuse mais ça m'a agacée !
Quant à la description du campus américain, j'imagine qu'il est plutôt juste puisque l'auteur a elle-même fréquenté une université du Vermont. Pour l'anecdote, il est signalé dans le livre que Donna Tartt était à l'école avec Bret Easton Ellis, et qu'il l'a encouragée à poursuivre son manuscrit...