Le titre exact du livre est Firmin, autobiographie d'un grignoteur de livres. Et le titre dit tout car il s'avère que Firmin est un rat, un rongeur né dans les années 60 dans un vieux quartier de Boston voué à la démolition. Très tôt il se sent différent de sa famille, trop frustre à son goût, mère alcoolique, frères et sœurs rustauds, Firmin se sent un peu décalé par rapport à ses congénères et sa solitude va le conduire à vivre chez un libraire qui tient une très vieille boutique où s'entassent des piles de livres en un fatras dont seul le propriétaire connaît les ressources. Notre rat va commencer par manger et grignoter les ouvrages avant d'en retirer la substantifique moelle. Ses lectures vont bientôt lui permettre de mieux comprendre l'espèce humaine mais il aura beaucoup de mal à communiquer avec les hommes même s'il s'essaie au langage des sourds. A signaler entre autres talents, celui de jouer du piano avec un instrument jouet pour enfant.
Son quartier disparaît petit à petit, sa race n'est plus qu'un souvenir, cherchant la reconnaissance il va être recueilli par un écrivain marginal qui va s'occuper de lui mais leurs liens d'amitié ne seront pas à la hauteur des espérances de Firmin.
Le livre est très amusant à lire, on ne peut s'empêcher de penser au dessin animé Ratatouille (le fameux rat qui voulait être cuisinier) mais en même temps, le ton est plus noir. Ce sont les limites du roman, d'un côté un aspect dessin animé pour les enfants, de l'autre une tristesse et une noirceur plus pour les adultes, au final on ne sait pas trop où classer l'ouvrage, mais en tout cas un excellent moment de lecture. Sam Savage peut-il écrire un autre roman ? Rien n'est moins sûr.
« Dans ce monde, il existe deux types d'animaux : ceux qui ont le don de la parole et ceux qui en sont dépourvus. A leur tour, les animaux qui possèdent ce don se divisent en deux catégories : ceux qui parlent et ceux qui écoutent. La plupart de ces derniers sont des chiens. Toutefois, les membres de la race canine étant terriblement bêtes, ils portent leur aphasie avec une sorte de joie servile qu'ils expriment en remuant la queue. Ce n'est pas mon cas - je ne supportais pas l'idée de passer ma vie dans le silence. »
Sam Savage Firmin chez Actes Sud