crédit photo : Alyssa L. Miller
Les insomniaques chroniques ne dorment guère. Ils passent leurs nuits à tenter d’échapper au cercle vicieux: «je ne dors pas – j’angoisse — mon angoisse m’empêche de dormir…» Une situation qui les pousse souvent à prendre des somnifères pour échapper aux nuits sans sommeil.
«Le médicament est une béquille, une bouée de sauvetage. Il faut l’utiliser, mais seulement pour aider la personne insomniaque à changer ses mauvaises habitudes de sommeil», soutient Charles Morin, professeur titulaire de l’École de psychologie de l’Université Laval.
Combiner une thérapie cognitive comportementale à la prise de somnifères permettrait plus durablement de lutter contre l’insomnie chronique. Et, c’est la combinaison des deux approches (thérapie et médicaments) qui serait la plus efficace à long terme, démontre une récente étude publiée dans le Journal of the American Medical Association.
La “force du mental”
Les insomniaques doivent changer leurs croyances face au sommeil. Ils doivent aussi apprendre à gérer leur anxiété de performance. Bref, il faut briser le conditionnement qui associe la chambre à coucher à un lieu de frustration.
L’approche comportementale vise à procurer aux insomniaques un sommeil de bonne qualité… en les empêchant notamment de dormir trop et n’importe quand ! «Ce n’est pas en multipliant les siestes ou en allant au lit trop tôt que l’on réapprend à bien dormir. Il faut combattre l’anxiété générée par le manque de sommeil en repoussant l’heure du coucher jusqu’au bon moment, celui où le sommeil est imminent», explique le scientifique.
Les deux étapes de cette nouvelle étude visaient à vérifier auprès de 160 participants, l’efficacité de l’approche combinée à long terme. La première phase de six semaines s’attardait à l’apprentissage de bonnes habitudes de sommeil à travers des séances de thérapie de groupe. La seconde étape, d’une durée de six mois, personnalisait cette approche grâce à une aide psychologique individualisée. Un des groupes d’insomniaques chroniques prenait des somnifères, principalement en début de parcours, l’autre suivait uniquement la thérapie cognitive comportementale.
Somnifères: une simple béquille
Vanter le retour au somnifère – ou du moins la combinaison médicaments et approche cognitive — surprend, car cette équipe de recherche avait réalisé une précédente étude favorable à leur abolition. «L’idée d’ajouter la médication peut sembler paradoxale. Il ne s’agit pas de renouer avec les somnifères, mais de les utiliser comme support pour réapprendre à bien dormir», explique toutefois le chercheur.
Efficaces en «première ligne» pour les insomniaques occasionnels, les somnifères ne fournissent pas un sommeil de qualité. Mais la médication semble donner le coup de pouce nécessaire pour balayer les angoisses sous le tapis et enfin, dormir !
Avez-vous le profil?
Les personnes anxieuses, nerveuses et perfectionnistes risquent plus de souffrir d’insomnie chronique.
Les femmes, dans une proportion de deux pour un, s’avèrent les plus touchées. «Ce sont des personnes qui ont du mal à passer au-dessus des petits irritants quotidiens. Cette difficulté à décrocher leur amène plus de stress.
Ce qui les empêche souvent de dormir», explique le chercheur. Elles doivent donc apprendre à laisser les soucis hors du lit.